La société Guardia Systems a été sélectionnée à l’issue d’un appel d’offres lancé fin février par la municipalité de Beyrouth pour l’installation de 1.500 à 2.000 caméras de surveillance dans la capitale, pour un coût total d’environ 40 millions de dollars.
 
La compagnie, qui dispose de bureaux au Liban, au Nigéria et en Irak, faisait partie de cinq sociétés présélectionnées ayant participé à cet appel. 
 
Le Conseil municipal de Beyrouth avait approuvé le 10 janvier dernier le lancement d’un appel d’offres restreint, après avoir limité la concurrence à cinq participants, suscitant des interrogations sur la transparence de la procédure.
Dans son édition du 17 février, le quotidien Annahar s’est interrogé sur les critères de pré-sélection, précisant que le projet d’installation de caméras de surveillance à Beyrouth n’était pas inscrit à l’ordre du jour de la réunion municipale du 10 janvier, tandis que le président du conseil, Bilal Hamad, aurait demandé de manière inopinée aux membres du Conseil de voter en faveur du projet après un exposé oral de ses principaux contours.
 
Rachid Achkar, l’un des trois membres du conseil municipal ayant émis des réserves « de forme » sur la procédure en question explique au Commerce du Levant que « si la pré-sélection peut effectivement faciliter le processus de sélection, en l’occurrence, aucun cahier de charges n’avait été élaboré pour cette phase et le profil de certaines sociétés pré-qualifiées n’était pas optimal, plusieurs d’entre elles étant des sociétés généralistes ».
 
Selon Annahar, les cinq sociétés en question appartenaient en outre « à la même orbite » politique, tandis qu’un accord aurait été conclu avec une société d’ingénierie « non spécialisée » pour superviser l’exécution des travaux.
 
Autre interrogation : le coût d’installation de ces caméras, y compris les coûts de forage et d'installation des câbles ainsi que des salles de contrôle, dont le prix unitaire s’élèverait à 27.000 dollars, alors que le prix du marché serait de 2.000 à 7.000 dollars en moyenne, écrit Annahar.
Cette façon de calculer le coût unitaire n’est pas forcément judicieuse estime cependant Rachid Achkar, car le budget global ne couvre pas que l’installation des caméras, mais aussi « leur capacité d’intercepter les données, de les analyser et d’émettre des signaux d’alarme, le cas échéant. Il existe pour cela des logiciels spécialisés et leur degré de sophistication et d’efficacité varie en fonction du prix. Il faut compter également la mise en place de centres de contrôle auxquels seront rattachées ces caméras. » Pour lui, l’important est de « s’assurer que ces paramètres à la pointe de la technologie, qui justifieraient le coût du projet, figurent dans le cahier de charges et seront honorés par la société sélectionnée. »
Or les détails du cahier des charges sur la base duquel Guarda Systems a été sélectionné n’ont pas été dévoilés aux membres du conseil municipal, dit-il.   

Mis en cause, le président du conseil municipal, Bilal Hamad, a assuré pour sa part dans un communiquéque la procédure avait été conforme aux impératifs de transparence pour un projet présenté comme « le plus important dans l’histoire de Beyrouth ». Il ajoute que le budget de 40 millions de dollars élaboré avec le conseil du cabinet Dar Al Handassa, couvre la création de deux centres de contrôle, l’un dirigé par la municipalité et l’autre par les Forces de sécurité intérieure, ainsi que la formation du personnel de sécurité pendant un an.

Ce projet intervient alors que le pays est secoué par une série d’attentats, dont un attentat perpétré au centre-ville de Beyrouth, le 27 décembre dernier, qui a coûté la vie à l’ancien ministre des Finances, Mohamad Chatah.