Les 7 et 8 avril, Beyrouth accueillait la deuxième édition de la Mega Games Conference, organisée par l’IFP Group. Deux jours de conférences et d'ateliers de travail entre professionnels du jeu vidéo pour tenter de décrypter et d’anticiper les tendances du marché dans la zone Mena.

Alors que la production de jeux sur consoles et ordinateurs nécessite des millions de dollars d’investissement – en 2014, Activision Blizzard aurait investi quelque 500 millions de dollars dans un seul titre (Destiny) –, les jeux sur plates-formes Internet et mobiles semblent plus à la portée de la dizaine de développeurs de jeux libanais qui se sont lancés ces dernières années. Parmi eux, Falafel Games, société de production créée en 2010 et considérée comme « l’une des plus grosses entreprises du Moyen-Orient en termes de nombre d’utilisateurs et de chiffre d’affaires », selon son fondateur Vince Ghossoub. Avec ses 23 salariés et ses 10 000 utilisateurs actifs par jour, la société enregistre un chiffre d’affaires de l’ordre de quelques millions de dollars et une croissance multipliée par deux entre 2014 et 2015. « Nous allons passer à la vitesse supérieure », confie le jeune entrepreneur. Alors que Falafel Games a développé trois jeux en quatre ans, la société s’apprête à en lancer trois nouveaux en 2016.
Pourtant, malgré ces chiffres encourageants, le chef d’entreprise reste lucide sur les défis que le Liban doit encore relever pour assurer au jeu vidéo un avenir optimal. Selon lui, le manque de formation et d’expérience de la main-d’œuvre libanaise constitue aujourd’hui un véritable obstacle. « Le marché du jeu vidéo est un secteur qui change très rapidement et les talents doivent pouvoir se renouveler en permanence. Au Liban, nous avons de véritables talents, mais pas en quantité suffisante », explique-t-il. À cela s’ajoutent des problèmes d’infrastructures, largement évoqués par Marwan Hayek, le PDG d’Alfa, Nicolas Sehnaoui, ancien ministre des Télécommunications, et un représentant de Boutros Harb, actuel ministre, qui se sont succédé sur la scène centrale du salon. Selon eux, le Liban doit absolument rattraper son retard en matière de couverture 4G et 5G, mais aussi et surtout de développement de la fibre optique, afin de permettre aux Libanais de bénéficier d’un débit suffisant pour jouer en ligne. « L’infrastructure est une problématique essentielle, voire vitale pour le développement du jeu vidéo en ligne au Liban », a martelé Nicolas Sehnaoui, alors que Marwan Hayek a assuré que les abonnés d’Alfa auront accès au réseau 4G+ dès septembre 2016. Quant au ministère, il a rappelé les détails du plan “Liban 2020” qui prévoit notamment le développement et la mise en service du réseau de fibre optique jusqu’à l’utilisateur final à l’horizon 2022.