Les bénéfices de la MEA devraient baisser de 40% cette année en raison des tensions politiques et de la libéralisation incontrôlée du marché aérien, a affirmé le PDG de la compagnie, Mohammed El-Hout.
 
La MEA a dégagé 100 millions de dollars de bénéfices en 2009, contre 92 millions l’année précédente.
 
Dans un entretien à l’agence nationale d‘information (NNA), El-Hout a déploré la politique de ciel ouvert  appliquée au Liban « sans aucun contrôle ».
 
A titre d’exemple,  il a cité le cas de la Turquie avec qui le Liban a signé un accord aérien l’année dernière.
« Les compagnies turques opèrent aujourd’hui 21 vols hebdomadaires entre la Turquie et le Liban, et ils veulent arriver à plus de 30 vols en été, alors que la MEA veut passer de 7 à 14 vols et n’y parvient pas », a-t-il déclaré, en affirmant que les autorités turques imposent à la MEA des horaires difficiles pour éviter qu’elle ne concurrence les compagnies locales.
« Nous ne sommes pas contre la politique de ciel ouvert, nous réclamons simplement le respect du principe de réciprocité », a-t-il ajouté.
 
L’autre exemple évoqué par Mohammed el-Hout est celui de la liaison Beyrouth-Koweit qui ne peut être rentable en hiver qu’avec un maximum de quatre vols par jour.
Or, les compagnies koweitiennes assurent aujourd’hui six vols, contre deux pour la MEA. « Les avions sont vides et les tarifs appliqués sont inférieurs aux coûts mais nous sommes obligé de maintenir nos vols pour ne pas perdre des parts de marché, a-t-il affirmé. La loi sur la libéralisation de l’espace aérien arabe votée au Parlement en 2006 prévoit pourtant la possibilité de prendre des mesures de sauvegarde en cas de capacité excédentaire ou de guerre des prix, mais les autorités libanaises ne font rien ».  
 
Le PDG de la compagnie nationale a ensuite évoqué l’impact de l’instabilité politique sur le secteur, en soulignant que les tensions apparues en septembre ont entraîné une baisse importante des réservations pour les prochains mois.
Une compagnie aérienne ne peut pas fonctionner uniquement sur une base saisonnière, a poursuivit El-Hout en soulignant la différence très importante au Liban entre les prix de haute saison haute et de basse saison.
 
« Le tarif appliqué actuellement sur le billet aller-retour pour Rome (199 dollars) est inférieur au coût que nous subissons, a-t-il indiqué. Il faut développer les congrès et les conférences hors saison, mais pour cela il faut assurer un minimum de stabilité ».
Parallèlement, l’Etat doit investir dans les infrastructures du pays pour pouvoir accueillir davantage de touristes.
 
« Je n’ai pas peur pour la MEA, qui a réussi à se relever dans le passé, mais à prix élevé. Si les bonnes décisions avaient été prises en 1992, nous aurions pu économiser entre 500 et 600 millions de dollars de pertes. C’est pour cela que j’estime qu’il ne faut pas attendre que la situation se dégrade davantage avant réagir », a-t-il conclu.