Sur environ 400 immeubles résidentiels en construction à Beyrouth, seulement une dizaine de promoteurs proposent des appartements de 50 à 85 m2. Pourtant, comme le souligne The Quaterly, le bulletin de la société Ramco Real Estate Advisers, les studios représentent une niche à ne pas sous-estimer avec une demande spécifique.
Dans un pays où la taille de l’appartement est souvent considérée comme le reflet du statut social et de la réussite professionnelle du résident, l’initiative de certains promoteurs comme les sociétés BREI, MAC et MEC de construire des studios est un pari audacieux. Si le phénomène est pour l’heure encore très marginal, la hausse des prix de l’immobilier au cours des six dernières années est en train de changer la donne et les professionnels de la construction sont de plus tentés par cette expérience, souligne The Quaterly.
À ce jour, une poignée de projets à Ras Beyrouth et à Achrafié offrent des unités de 50 à 85 m2 (incluant les espaces communs). Il s’agit à chaque fois d’immeubles avec plusieurs surfaces dont une partie sont des studios. Avec la loi libanaise du métrage qui englobe les espaces communs, l’épaisseur des murs et les bacs à fleurs, proposer des appartements de cette taille est un défi pour les architectes qui doivent privilégier les espaces compacts avec une belle hauteur sous plafond et une forte luminosité pour compenser le manque de mètres carrés. Finalement, le concept est simple : le studio se résume en une pièce unique avec une cuisine à l’américaine, un salon, un espace pour le lit et une salle de bains. Pas de place pour une chambre de bonne, des couloirs et une toilette pour les invités.
Les prix de vente sont souvent un peu plus chers qu’un logement standard. Ainsi, cette surfacturation de 15 à 20 % traduit un coût de construction (équipements sanitaires, cuisine et place de parking) plus important qu’un appartement de 200 m2.
Très présent sur le marché immobilier dans les grandes capitales occidentales, le concept des studios à Beyrouth est nouveau et reste encore au stade expérimental de la part de promoteurs. Mais, l’engouement et la curiosité des clients sont réels. Les bons taux de vente le prouvent. Incontestablement, les studios visent une tranche très réduite de la population dont les budgets tournent autour de 300 000 dollars : il s’agit d’étudiants aisés, de personnes divorcées à la recherche d’un petit logement avant une éventuelle évolution familiale, de femmes célibataires ayant une bonne position professionnelle et qui cherchent à quitter le domicile parental, et de jeunes cadres également célibataires qui voyagent régulièrement et qui n’ont pas un besoin urgent de grands espaces.
Les investisseurs sont aussi la cible des promoteurs. Acheter un studio pour le mettre ensuite sur le marché locatif est une stratégie qui peut être lucrative. Une fois meublées avec goût et de façon moderne, ces unités peuvent se louer facilement à une clientèle expatriée pour des périodes longues ou courtes comme pendant la saison estivale. Des loyers de l’ordre de 200 à 250 dollars le m2 par an seraient possible.
The Quarterly précise que les secteurs Gemmayzé, Sassine et Hamra offrent des cadres géographiques parfaits pour les studios. Malgré le nombre important d’appartements meublés avec des prestations de qualité, beaucoup de gens seraient ravis d’avoir une réelle autonomie avec leur propre logement de 50 à 85 m2. Sassine, avec la proximité du centre commercial ABC, a un excellent atout pour satisfaire une clientèle qui aime sortir et aller au cinéma. Proche du centre-ville et connu pour son activité nocturne avec ses bars et ses restaurants, Gemmayzé séduit les jeunes générations et les étrangers qui seraient prêts à vivre dans un studio. Ce type de produit a aussi du sens à Hamra qui compte plusieurs universités.