Les salariés et la direction des sociétés chargées de gérer Alfa et Touch ont signé en janvier 2013 une convention collective de travail avec le ministère des Télécommunications, propriétaire des deux réseaux mobiles.

Après cinq ans de négociations, le syndicat d’Alfa et Touch et le ministère des Télécommunications, propriétaire des deux réseaux de téléphonie mobile Mic1 et Mic2, ont signé en janvier un accord protégeant les droits sociaux des salariés. Ce texte est le fruit d’un travail intensif de quatre mois animé par Danielle Saliba, présidente du syndicat des salariés d’Alfa et Touch, par Marwan Hayek et Charbel Cordahi, respectivement PDG d’Alfa et directeur financier de Touch, et par Georges Choucair, conseiller du ministre Nicolas Sehnaoui.
À l’origine de cet accord, « la volonté de sécuriser et de stabiliser les emplois et les droits des quelque 1 350 salariés des deux entreprises », explique Danielle Saliba. « Nous souhaitons qu’ils vivent confortablement, qu’ils travaillent longtemps et de manière productive pour leur entreprise. Cela va aussi permettre à Alfa et Touch d’attirer les jeunes diplômés », justifie-t-elle.
Bien que le projet existe depuis cinq ans, ce n’est qu’en septembre que la situation s’est débloquée. Le syndicat a été créé en novembre 2006 par les employés d’Alfa et Touch, et sa direction est élue tous les deux ans par les syndiqués (plus de 70 % du personnel). Danielle Saliba insiste sur l’évolution du contexte : « À chaque changement de ministre, les conditions de travail des employés étaient affectées, et chaque partie avait des demandes impossibles à concilier avec celles des autres. Le ministre Nicolas Sehnaoui a posé son conseiller en médiateur des discussions. »
La procédure a été démocratique, avec une consultation des employés et de la direction de chaque entreprise afin de tenter d’arriver à des compromis. Le 17 janvier, les syndiqués ont pu voter pour ou contre le texte avant la signature de l’accord collectif. Sur 74 % des membres présents le jour du vote, 71 % ont voté pour la convention et seulement 3 % contre. « Bien sûr, il est impossible de satisfaire tout le monde à 100 % », regrette Danielle Saliba.
La convention collective établit des grilles de salaires fixes selon le niveau d’études, le poste et l’ancienneté des salariés. Des augmentations annuelles automatiques seront décidées par la direction, sans spécifier le pourcentage d’augmentation maximal ou minimal. La convention établit aussi les conditions financières des congés de maternité, fixés à 90 jours totalement rémunérés, soit 20 jours de plus que ce que prévoit le code du travail (avec la possibilité pour les femmes ayant un enfant de moins d’un an de partir une heure plus tôt chaque jour). Le congé maladie, quant à lui, est fixé selon le code du travail libanais.

Plus de congés payés

Les congés payés annuels sont allongés : ils varient de 18 à 30 jours, contre 15 à 21 jours actuellement, en fonction de l’ancienneté du salarié. En cas de décès dans la famille, un congé de deux à sept jours est prévu.
Sont également prévus des bonus : par exemple, en cas de mariage il est fixé à 1 000 dollars et sept jours de congé payé. Des allocations sont prévues pour les enfants : 2 000 dollars par enfant par an pour la garderie, 3 250 dollars par an pour la scolarité et 4 000 dollars pour les frais d’université jusqu’à trois enfants maximum. Les frais de transports sont fixés à 100 dollars mensuels en plus des 8 000 livres libanaises quotidiennes décidées par le gouvernement, et chaque employé bénéficie d’une ligne téléphonique ou d’aides financières mensuelles pour le paiement des factures téléphoniques selon les règles privées de chaque compagnie.
La convention met aussi en place un système de cotisation à une caisse de retraite qui permettra aux employés de bénéficier d’une pension en plus de l’indemnité de fin de services prévue par la Caisse nationale de Sécurité sociale. Le principe du mécanisme encore à l’étude est que chaque employé abonde mensuellement à cette caisse de retraite. L’employeur en fait de même pour le même montant de son côté. Les pensions ne seront versées qu’après un certain nombre d’années d’ancienneté et de participation à ce programme.
Un contrat d’assurance médicale collectif est également prévu pour l’employé et sa famille désireux d’y participer moyennant une contribution financière, avec de nombreux bénéfices : frais d’hospitalisation, médecine ambulatoire, honoraires des médecins à hauteur de 40 dollars par visite, remboursement des médicaments…
Enfin, en matière de formation, les salariés à temps plein et à contrat indéterminé ont droit à des formations internes ainsi qu’à des bourses pour leur permettre de se perfectionner dans un domaine précis.
Les dispositions de cette convention collective s’imposeront aux entreprises chargées de gérer à l’avenir les réseaux Alfa et Touch, avec la possibilité de proposer de nouvelles dispositions tous les deux ans.
Selon les premières estimations, l’accord va coûter annuellement entre trois et cinq millions de dollars au ministère des Télécommunications, qui reverse à Orascom et Zain les avantages consentis aux salariés.
« Dans le domaine des télécommunications, nous sommes les premiers à obtenir de telles garanties et notre convention est la seconde convention sectorielle de l’histoire du Liban après celle des banques conclue en 2006 (NDLR : mais aujourd’hui en suspens) », se réjouit la présidente du syndicat.