En 2012, la Golden Valley Cooperative a exporté pas loin de 500 tonnes de pommes de terre vers les pays du Golfe. Un volume a priori classique dans la Békaa, où ce tubercule reste le roi des cultures. Mais derrière ce chiffre se cache une entreprise pas comme les autres : une coopérative agricole d’exportation dédiée à tous les fruits et légumes cultivés au Liban. Si la pomme de terre reste une des marchandises prédominantes, la coopérative exporte également les cultures maraîchères traditionnelles (salades, tomates, concombres…). « Nous avons également exporté des raisins de table, des oranges, des pommes… », précise Camille Hobeika. « Nous répondons aux demandes de nos clients : nous ne nous contentons pas de proposer les marchandises de nos membres, même si elles sont prioritaires, mais allons chercher les denrées demandées dans tout le Liban. » Pour l’heure, ses principaux clients se trouvent dans les pays du Golfe, au Koweït et au Qatar.
Si l’on excepte une passion de jardinier en herbe, Camille Hobeika n’a rien d’un paysan : cet ingénieur mécanique dirige l’usine Hobeika Frères, dans la zone industrielle de Zahlé, spécialisée dans la fabrication et la commercialisation de machines et d’outillages. Ce qui l’a décidé à s’impliquer dans la fondation de cette coopérative ? Un constat : « Il faut défendre l’agriculture et prendre conscience de son rôle stratégique dans le futur du pays. Or, la majorité des paysans n’ont pas les moyens financiers de porter par eux-mêmes cette ambition. Il nous manque des structures de relais en mesure d’aider à l’exportation. C’est notre but : être l’un des “chaînons manquants” pour permettre aux productions libanaises d’être mieux reconnues. Certaines comme les pommes ou les cerises ont de vrais atouts à faire valoir sur les marchés étrangers. » La coopérative est ainsi née de la volonté de plusieurs “amis” ou relations d’affaires, pour la plupart de Zahlé. « Je n’ai pas d’activité agricole pour ma part. Ce qui ne m’empêche pas de croire en l’avenir de ce secteur. » En tout, une quinzaine de Libanais se sont ainsi regroupés au sein de la coopérative. Parmi les fondateurs, on trouve Michel Skaff – son président – et son cousin Naji, Camille et Nabil Hobeika, Ziad Turk ou encore Sami Berro. Pour tous, la création de la coopérative a eu une incidence positive : « Auparavant, à peine quelques adhérents de la coopérative vendaient à l’étranger. Cette structure leur a de fait ouvert les marchés régionaux. » Pour l’heure, l’équipe dirigeante de la coopérative souhaite s’en tenir à ce noyau de quinze membres afin de consolider son action avant éventuellement de s’agrandir et de s’ouvrir à d’autres. » Chacun des fondateurs a versé au capital de la coopérative 50 000 dollars. Est venu s’y ajouter un prêt Kafalat d’un montant de 400 000 dollars et un don de l’Union européenne de 80 000 euros. Soit pas loin de 1,2 million de dollars. Cet apport leur a permis d’acheter le terrain, de construire le bâtiment selon des normes internationales et de l’équiper, en particulier d’un frigo pour stocker les marchandises sur le long terme. « Nous nous conformons aux règles sanitaires européennes, notamment en ce qui concerne les entrepôts réfrigérés ou les aires de stockage. » Selon Camille Hobeika, la coopérative ne fait pas encore de profits, mais termine de rembourser le prêt Kafalat. « On pourra ensuite capitaliser sur nos résultats : nos adhérents entendent laisser le capital investi dans la coopérative pour pérenniser son action et l’aider à se développer. »

Entreprise : Golden Valley Cooperative
Localité : Zahlé
Fondé en 2008
Président : Michel Skaff
Investissement : 2 millions de dollars
Employés : six salariés permanents, jusqu’à 100 selon les pics d’activités