C’est l’un des paradoxes du centre de Beyrouth. D’une ruelle à l’autre, les loyers peuvent passer du simple au triple. Tandis qu’Allenby et Foch font partie des rues marchandes les plus prestigieuses de la capitale, plusieurs ruelles semblent totalement en marge de la dynamique commerciale du centre-ville.
Dans la dernière édition de sa publication The Quarterly, la société Ramco Real Estate Advisers a établi le classement des cinq destinations marchandes les plus abordables de Solidere. Peu fréquentées, elles affichent des loyers de 300 à 500 dollars le m2 annuel. Toutefois, étant donné leur potentiel, ces tarifs sont surestimés : ils ne devraient pas dépasser 200 à 250 dollars le m2. Certaines de ces rues ont connu des périodes de prospérité avant les événements de 2006 tandis que d’autres n’ont jamais réussi à s’imposer depuis la reconstruction du centre-ville à partir de la fin des années 1990. Bien que les locaux soient fermés depuis plusieurs années, leur potentiel n’est pas à négliger. Une fois les loyers réajustés d’une manière cohérente, une initiative comme celle qui a redynamisé le secteur autour du jardin Samir Kassir pourrait donner un nouveau souffle à ces ruelles aujourd’hui marginalisées.

Adjacente à Bab Idriss et aux Souks de Beyrouth, la rue Abdel Hamid Karamé est l’une des principales entrées du centre-ville. Le trafic routier y est considérable et les boutiques y ont une excellente exposition. Toutefois, les mesures sécuritaires à cause de la proximité du Parlement interdisent aux véhicules de stationner même quelques secondes. Ces restrictions pénalisent totalement le potentiel de la rue.

Le secteur Uruguay et Argentine est injustement boudé par les professionnels. Pourtant le sud de la rue Uruguay autour de la place Samir Kassir où les loyers flirtent avec les 1 000 dollars le m2 annuel est en plein boom. La multiplication des pubs y est une belle réussite. Parallèlement, les locaux situés au nord d’Uruguay et d’Argentine autour de l’hôtel Le Patio pourraient tirer leur épingle du jeu avec des loyers inférieurs de 60 % par rapport à ceux de la partie sud.

Malgré un environnement urbain agréable, le quartier autour de la place Souk Bazerkane n’a jamais retrouvé son lustre d’antan. La présence d’un restaurant de renom au rez-de-chaussée de l’immeuble Atrium n’y a rien changé. Le secteur reste très peu fréquenté et aucun restaurateur ou commerçant n’ose y investir. Le déclin commercial de la rue Omari qui mène à Souk Bazerkane n’augure rien de positif à moyen terme.

C’est l’une des ruelles les plus pathétiques du centre-ville, la rue Toubia Aoun est un alignement de boutiques fermées. La multiplication des affiches “à louer” traduit un malaise profond. Actuellement, cette adresse est totalement blacklistée par les commerçants. Pourtant, il y était impossible de trouver un emplacement disponible de 2003 à 2005. Les enseignes Crepaway, Sushi Express et Mémoires de Chine y avaient pignon sur rue. Depuis le sit-in de 2007, cette partie du centre n’attire plus. La contagion a même touché dernièrement la rue Maarad qui commence également à collectionner les fermetures. Ainsi, Costa, Scoozi, Le Relais de l’Entrecôte ont mis la clé sous la porte.

La région Lazarié et Markazié compte des dizaines de locaux commerciaux fermés. La façade nord est la mieux exposée et la moins affectée par la défection des enseignes. En revanche, c’est la misère à l’intérieur du centre Lazarié et au rez-de-chaussée de l’immeuble Markazié.