Croître sans perdre le contrôle de la société : tel est souvent le dilemme des entreprises familiales. Une solution : organiser le groupe en pyramide de holdings.

La holding est un instrument de plus en
plus utilisé par les entreprises familiales
qui souhaitent se développer
tout en conservant le caractère familial de
la société. La plupart des entreprises de ce
type grandissent grâce à un entrepreneur,
qu’il soit seul ou soutenu par sa famille.
L’histoire regorge d’exemples de fondateurs
dont le nom est indissociable de la
marque qu’ils ont créée : Ford, Citroën,
Renault ou Honda en sont l’illustration dans
le seul secteur automobile. Mais peu à peu,
lorsque l’entreprise est obligée de croître
sous la pression de la concurrence, le fondateur
et sa famille n’ont pas toujours les
moyens financiers nécessaires pour
accompagner le changement. Ils ouvrent
alors leur capital, au risque de perdre le
contrôle de la société. Au-delà d’une certaine
taille, il est en tout cas impossible au
propriétaire d’une entreprise d’assumer, à
lui seul, toutes les fonctions qui lui incombent
: financement, contrôle et surveillance.
L’ouverture du capital et l’obligation de déléguer
une partie du pouvoir familial ont un
impact certain sur la situation de la famille
concernée. Dans beaucoup de cas, la pérennité
de sa domination est menacée. Peugeot
et L’Oréal, en France, en sont de bons
exemples. Les familles Peugeot et La principale actionnaire du groupe L'Oréal, Liliane Bettancourt,
assiste, le 18 avril 2005 au palais de l'Élysée à Paris, à une cérémonie
de remise de décorations (photo AFP).
Bettancourt continuent de contrôler leurs
entreprises dans lesquelles elles détiennent
respectivement 29,17 et 29,09 % du
capital, mais elles ne sont pas à l’abri de
raids hostiles.
Plusieurs groupes asiatiques et européens
ont cherché à relever le défi de la diversification
et de la croissance sans perdre le
contrôle familial. Leur option a été de structurer
leur entreprise sous forme pyramidale
afin de conserver le pouvoir en amont tout en
dégageant des synergies financières, managériales
et opérationnelles en aval.
La gestion de l’ensemble s’appuie généralement
sur la technique des “poupées
russes” qui consiste à bâtir une cascade
verticale de holdings. Un actionnaire de référence
familial contrôle celle qui est située au
sommet, le solde du capital étant flottant,
ouvert au public (actionnaires individuels,
investisseurs institutionnels…). À chaque
étage de la pyramide, les différentes holdings
sont contrôlées majoritairement par
celles de l’étage du dessus. La pérennité du
pouvoir familial est ainsi assurée, comme le
montre, par exemple, l’organisation du groupe
coréen Samsung Electronics. La famille
Kun-Hee profite de la dispersion du capital
pour asseoir sa domination, alors qu’elle ne
détient plus qu’une faible proportion du capital.
Les Chung Mong Koo (Hyundai Motors),
Agnelli (Fiat) et Piëch (BMW) contrôlent de la
même façon leurs groupes respectifs.