Comme en témoigne la minceur de notre édition d’août, la publicité est immédiatement affectée par la guerre qui a paralysé toute l’économie.
«Nous passions notre temps à
convaincre les clients de placer de
la publicité dans tel ou tel média,
aujourd’hui c’est la course aux annulations »,
explique la directrice d’une agence.
« Je n’enregistre que des annulations, confirme
Nagi Irani, directeur de Pressmedia. Il est encore
trop tôt pour faire un bilan, mais les pertes
sont certainement lourdes. Les seules annonces
émanent d’institutions qui ont besoin d’informer
leur clientèle des dispositions qu’elles prennent
pour faire face à la situation. »
Comme la plupart des entreprises, le téléphone
sonne souvent à vide dans les
agences, comme Saatchi&Saatchi, Rizk
Advertising ou Intermarkets. À H&C Leo
Burnett, personne n’a le coeur à répondre aux
journalistes.
Chez Promoseven, Joëlle Jammal et quelques
autres personnes viennent au bureau, mais la
plupart des employés restent chez eux pour
éviter les risques inutiles. Promoseven est dans
l’incertitude la plus complète. Tout est arrivé si
vite. Chez Publicis aussi « tout est gelé », commente
Sami Moujaès. Les campagnes réservées
ont toutes été annulées ou reportées à
une date ultérieure, non définie. La plupart des
employés des départements marketing et stratégies
ne travaillent pas, étant donné que
Publicis gère surtout des clients locaux, qui
n’ont pas ouvert. Toutes les prévisions pour
l’année 2006 sont affectées.
« La première chose qui s’arrête dans ce
genre de situation, c’est la pub », dit
Georges Slim, de Lowe Pimo. Certes,
l’agence a des clients en Syrie, en Jordanie
et à Dubaï, mais il est difficile de les servir
avec 30 % des effectifs habituels. Sans
compter que dans les circonstances
actuelles, la créativité est en panne.
Ce sont surtout les secteurs de l’automobile,
du tourisme et des produits de luxe qui
vont être affectés, estime Georges Slim.
« Je reste malgré tout optimiste, ajoute-t-il,
car on n’a pas d’autre choix que de l’être. »
L’agence Lowe Pimo n’a pas encore pensé
à une stratégie pour faire face à ces événements
: « Nous vivons au jour le jour. »
Dans un secteur où les salaires sont relativement
élevés, l’inquiétude principale
concerne le maintien des emplois qui font
vivre des familles entières. Une responsabilité
qui s’ajoute au stress des directeurs
d’agences.