Quelques semaines après la fin des hostilités, tour d'horizon du marché avec Joe Maatouk, président-directeur général de la société immobilière “JM Properties”.
Quelle est l'attitude des investisseurs arabes depuis le 12 juillet ?
Il est encore trop tôt pour réellement évaluer l'impact de la guerre sur leurs stratégies et leurs intentions. Il va falloir attendre deux à trois mois pour véritablement se faire une idée précise. Toutefois, à ce jour, nous pouvons distinguer deux attitudes mitigées. D'une part, on constate que certains sont dans l'expectative et attendent de voir comment la situation va évoluer – même si j'ai aussi eu vent de projets offerts à la revente, principalement au centre-ville. D'autre part, on remarque que de grosses sociétés koweïtiennes cherchent des opportunités d'investissement sur le marché local.
Y a-t-il eu des transactions foncières ces derniers jours ?
Malgré la guerre, Achrafié demeure une région très prisée. Plusieurs transactions – même pendant les événements – y ont été effectuées. Il est d'ailleurs intéressant de voir que l'intérêt vient non seulement de promoteurs arabes mais aussi locaux.
Quelle est l'attitude des promoteurs actuellement ?
La confiance des promoteurs est perceptible. Tous ont redémarré leurs chantiers et plusieurs permis de construire sont en voie d'être délivrés. La demande reste assez forte et, dans certains quartiers, elle s'est même accentuée. Ce sont des signes positifs et prometteurs pour le marché à Achrafié. Nous restons persuadés que l'essor commercial de Monnot, de Gemmayzé et de l'ABC a contribué à créer une dynamique sans précédent dans cette région de Beyrouth. Il reste tout de même intéressant de mentionner qu'il existe actuellement sur ce marché une cinquantaine de projets résidentiels, en phase finale ou en construction, couvrant presque 350 000 m2 pour un total de 650 appartements au prix moyen de 2 000 dollars le m2.
Comment évolue le marché des ventes et des locations d'appartements ?
Incontestablement, le marché locatif s'est fortement accru. Il y a énormément de demandes récentes, alors que les disponibilités restent limitées. Nous avons également été confrontés à une forte demande d'achats d'appartements provenant de clients locaux et dans une moindre mesure d'expatriés. Néanmoins, les motivations de la clientèle, dont les budgets varient de 150 000 à 250 000 dollars, ont été affectées. Celle-ci préfère actuellement geler ses décisions d'achat. Je pense toutefois que cette situation est temporaire. Début 2007, leurs motivations
devraient reprendre, en fonction de la stabilité du contexte politique. En revanche, les appartements de 600 000 à 1 000 000 de dollars, livrables dans les quelques années à venir, continuent de bien se vendre.
La guerre a-t-elle entraîné une baisse des prix ?
En aucun cas : les propriétaires n'ont pas accepté de concessions. Les prix des appartements sont stables, alors que ceux du secteur foncier ont tendance à augmenter.
Comment se comporte le marché commercial ?
Les commerçants s'activent pour s'implanter à Achrafié et principalement à l'ABC, où la disponibilité est quasi nulle. Ils doivent s'inscrire sur liste d'attente. À l'opposé, les demandes sont rares au centre-ville.