Si elles font beaucoup sourire les étrangers,
les adresses libanaises – véritables
poèmes à la Prévert – sont des cassetête
pour LibanPost qui se répercutent sur la
profitabilité de l’entreprise. « Aucun logiciel
de tri au monde n’est adaptable à notre système
: les adresses sont rédigées en caractère
latin, en arabe, même en philippin ou
autres, et le descriptif est de quatre lignes »,
se désole le PDG Khalil Daoud. Car, en
dehors du Beyrouth administratif, 70 % des
rues n’ont pas de noms. Faute d’intervention
des autorités publiques, cet obstacle continuera
d’entraver la productivité et le développement
de la compagnie. « Baptiser les
rues et numéroter les immeubles relève des
municipalités, mais six à sept niveaux d’autorisation
sont ensuite nécessaires du
conseil municipal au mohafez. Nous en
avons discuté à plusieurs reprises avec les
différents ministres de l’Intérieur, sans succès
», déplore Daoud, qui suggère que l’on
attribue des numéros aux rues plutôt que
des noms, comme à New York par exemple.
Plutôt que de contribuer à l’expansion de la
poste, l’État agit ainsi comme un frein, poursuit
le PDG, qui rappelle que la loi régissant
la poste n’a pas été révisée depuis 1959.
D’abord, « dans tous les pays du monde, l’État
est le plus grand client de la poste, sauf
au Liban ». Ensuite, la loi qui oblige tous les
immeubles à se doter de boîtes aux lettres
n’est pas appliquée. Résultat, il faut parfois
près d’une heure pour livrer un courrier à
certaines adresses, comme l’immeuble
Concorde à Verdun, où le facteur parcourt
tous les étages, parfois à pied quand l’électricité
se coupe, etc. Enfin, LibanPost est
soumise à la concurrence qu’elle juge
déloyale des compagnies de courrier rapide
(DHL, Aramex, Fedex…) qui n’ont pas de
licence pour distribuer colis et lettres en
interne. En pratique, alors que LibanPost est
légalement obligée d’assurer la distribution
dans le Akkar d’une lettre envoyée de
Beyrouth, au prix de 500 livres, alors que le
coût de livraison dépasse les 20 000 livres ;
les sociétés de courrier rapide, de même que
les sociétés locales composées de cinq ou
six mobylettes se contentent d’opérer dans
les régions profitables.
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