Bien que la situation ne soit pas favorable aux appartements de luxe, la société Jamil Saab & Co ne compte pas réduire ses prix. Témoignage de Chafic Saab, copropriétaire de Sursock Tower.

Vous venez de terminer la construction de deux projets à Achrafié (rues Abdel Wahab Inglizi et Sélim Bustros), quel bilan en tirez-vous ?

Il s’agissait de deux immeubles de 11 unités. Hormis les duplex, les surfaces étaient de 291 m2 à Abdel Wahab Inglizi et de 240 m2 à Sélim Bustros. Plusieurs appartements sont déjà habités. La dernière vente a été effectuée en juin dernier. 80 % des projets ont été vendus avant la construction, à des prix très bas. Finalement, la moyenne des ventes est de 1 500 dollars le m2. Avec les retards liés à la situation depuis 2005, nos profits ont été minimes. Initialement, nous planifions deux ans de travaux. Ils ont pris trois ans.

Combien d’immeubles avez-vous actuellement en construction ?

Nous avons Sursock Tower à Tabaris qui compte 17 unités (16 appartements de 500 m2 et un duplex de 1 000 m2). L’architecture a été confiée au cabinet Pierre el-Khoury. Le rez-de-chaussée compte un espace commercial de plus de 700 m2 qui a déjà été vendu à une moyenne de 4 500 dollars le m2. La banque BLOM a pris un espace de 400 m2. Le reste est pour un investisseur. Cela fait 17 mois que les travaux ont commencé. Pourtant, nous avons sept mois de retard à cause d’un problème de coffrage pendant la phase d’excavation et à cause de la guerre. Finalement, l’achèvement des travaux est prévu pour avril 2008.

Comment avez-vous choisi ce terrain ?

Un intermédiaire nous l’a proposé. Nous avons rapidement calculé qu’il y avait la possibilité d’avoir des surfaces commerciales qui donnent une rentabilité plus importante. En 2005, nous
l’avons finalement acheté à 10 millions de dollars, soit à 7 700 dollars le m2.

Pourquoi avoir payé un prix aussi élevé ?

Nous avons aimé le terrain qui est bien situé devant une place et sur deux axes, l’avenue Charles Malek et la rue Sursock. C’est également un emplacement stratégique pour l’image de marque du groupe Jamil Saab & Co, qui est dans l’immobilier depuis plus de 40 ans avec une quarantaine de projets. Sursock Tower est un moyen de nous faire connaître auprès des
Libanais expatriés qui ne nous connaissent pas nécessairement. Cette clientèle a besoin de référence. Ce projet en sera une.

Comment se sont déroulées les ventes ?

Le projet a été vendu rapidement. 75 % de nos clients sont des Libanais expatriés. Actuellement, il ne nous reste que trois unités. Mais la dernière vente date de juin 2006. Depuis, nous avons eu une faible demande, mais rien n’a été concrétisé. Personne n’est en train d’investir, les gens préfèrent attendre.

La demande actuelle tente-t-elle de tirer profit de la situation ?

Beaucoup de monde essaye de négocier. Par exemple, un client nous a fait une offre de 35 % en dessous de notre prix. Mais nous sommes fixes sur les prix des trois unités qui nous
restent. Nos gains se jouent sur leur vente. Bien que la demande soit faible, nous pensons que cela va revenir.

Avez-vous des projets à l’avenir ?

Nous avons un terrain de 2 000 m2 derrière l’USJ à Monnot. Le projet fait près de 17 000 m2 de surface constructible. Nous sommes dans la phase des avant-projets avec le cabinet d’architecture AAA. Nous n’avons pas encore arrêté notre décision. Il pourra s’agir de trois immeubles, l’un de 18 étages avec des appartements de 320 et 350 m2, l’autre de 10 étages avec des unités de 300 m2 et le dernier de 16 étages avec des tailles de 420 m2. Les deux plus grandes tours auront des duplex aux derniers étages.

Avez-vous commencé les ventes ?

Nous prenons notre temps pour ce projet. Nous sommes dans une phase d’attente afin de déterminer les tailles actuellement les plus en demande. Au début, nous avions prévu deux tours avec des unités de 450 m2. Désormais, nous pensons qu’il faut privilégier les petites tailles autour de 300 m2.

Quels seront les prix de vente ?

Cela va dépendre du coût de construction, mais les prix du premier étage devront être autour de 1 600 dollars le m2. Une fois que nous serons décidés sur le concept, nous prévoyons de commencer le marketing à la mi-février 2007. Ce sera une manière de tester le marché. Si le résultat est positif, nous pourrons commencer les travaux en mars 2007 pour finir en 2010.