La peur des attentats a contraint les consommateurs à réduire leurs déplacements et privilégier les achats rapides dans les commerces de proximité et les épiceries, au détriment de la grande distribution.

La multiplication des attentats est un nouveau coup dur pour la grande distribution déjà affectée par la guerre de juillet-août 2006. « Nous avons observé une modification des pratiques de consommation. Désormais, les clients préfèrent réduire leurs déplacements pour ne pas prendre de risque. Ils n’ont pas envie de perdre de temps pour leurs achats. Ils veulent faire vite et privilégient les petites surfaces de distribution (épiceries de quartier, superettes et supermarchés) », constate Nabil Bou Khalil, membre du conseil d’administration de l’enseigne du même nom.
Désormais, le consommateur privilégie les déplacements à proximité de son domicile et, dans le cas où il est motorisé, il préfère se garer devant la porte du point de vente. Malgré un assortiment limité et des prix souvent moins compétitifs que ceux des grandes surfaces (hypermarchés), la petite distribution s’avère idéale pour un achat rapide. Elle offre aussi des services de livraison à domicile, appréciés dans le contexte actuel. « Le chiffre d’affaires du Bou Khalil de Baabda qui a une surface de vente de 700 m2 a une croissance de 5 à 10 % par rapport à l’année dernière », précise Nabil Bou Khalil.
« Les projets de destination vivent moins bien la crise que les projets de proximité », confirme le PDG d’Admic, Michel Abchee. Mais, selon lui, quelle que soit la taille des points de vente, seuls les commerces qui ont fait le choix de la modernisation survivront. « Si la situation dure trop longtemps, beaucoup d’entreprises sont menacées de fermeture », dit-il.
Pour limiter l’ampleur du phénomène, les grandes enseignes ont renforcé leur surveillance et leur système de sécurité afin de rassurer la clientèle. « Nous sommes tous attentifs. Nous avons renforcé la sécurité dans les parkings. Le contrôle visible étant repérable, nous comptons aussi sur des personnes plus discrètes qui sont en charge de la sécurité à l’intérieur et à l’extérieur des points de vente », confie Nabil Bou Khalil. Michel Abchee dit avoir renforcé les systèmes de protection de tous ses points de vente, pour un coût de 700 000 dollars.
Les chaînes de distribution sont d’une certaine façon privilégiées, car la variété des points de vente permet de lisser les conséquences d’une crise. « Dans notre cas, les combats à Nahr el-Bared ont naturellement affecté notre point de vente situé à l’entrée sud de Tripoli. Le chiffre d’affaires y est en baisse de 15 à 20 %. Heureusement que nous avons huit autres enseignes pour nous soutenir et rééquilibrer notre chiffre d’affaires global », explique Nabil Bou Khalil.