Après des mois de débat, le projet de budget pour 2010 a été adopté en Conseil des ministres. Il prévoit un déficit de 34 % des dépenses.
 

Après des mois de délais et de débats, qui ont notamment conduit à l’abandon du projet d’augmentation de la TVA, le Conseil des ministres a enfin transmis au Parlement un projet de loi de finances pour 2010. Il s’agit d’un événement en soi, puisque le pays fonctionne sans budget depuis 2004 et que celui-ci, issu d’un gouvernement d’union nationale, devrait être voté par le Parlement, sauf surprise. Sa portée ne concerne pas tellement le fond, l’année en cours étant déjà très avancée, mais la forme, objet d’un accord de toutes les parties.
L’autre volet de l’accord concerne le sort des lois de finances précédentes, préparées par le gouvernement, mais jamais votées par le Parlement. Il a été décidé de renoncer au vote de ces lois en tant que telles mais de procéder à l’arrêté des comptes des années précédentes, condition sine qua non pour le vote d’une nouvelle loi de finances. 
La loi de finances pour 2010 est désormais exhaustive, dans le sens où elle recense toutes les dépenses et les recettes de l’État. « Une première depuis 40 ans », selon le ministre des Télécommunications, Charbel Nahas, qui a insisté pour l’adoption du principe d’exhaustivité dès cette année.
Les sommes en jeu sont considérables. Elles représentent 1,4 milliard de dollars pour 2010. « À part l’aspect de fantaisiste de la comptabilité qu’il fallait rectifier, l’enjeu est politique, car ne pas intégrer certaines dépenses au budget permet le transfert de fonctions ministérielles à des administrations, telles que le CDR, le Haut Comité de secours, la Caisse des déplacés, le Conseil du Sud… », explique Charbel Nahas.
Si le principe de l’exhaustivité du budget a été acquis rapidement, la ministre des Finances, Raya el-Hassan, expliquant qu’elle y travaillait « en tout cas ». D’autres points ont continué de poser problème. Les divergences ont notamment porté sur deux points : le premier concerne la marge d’endettement du ministère des Finances et le second une clause concernant la taxation des plus-values liées à la réactualisation extraordinaire des actifs immobilisés. Même si la ministre des Finances a tenté d’atténuer l’aspect “cadeau fiscal”, à destination des gros propriétaires fonciers, en ajoutant des restrictions à la mesure initialement proposée, cette dernière a finalement été retirée du projet de loi. Pour ce second point, voir l’article de l’avocat fiscaliste Karim Daher page xxx.
En ce qui concerne la marge d’endettement du ministère, Raya el-Hassan a expliqué qu’elle ne souhaite pas se voir imposer un plafond à sa capacité d’endettement pour pouvoir conserver de la flexibilité. Charbel Nahas insistait de son côté pour établir un plafond, conformément aux usages en la matière, quitte à ce que celui-ci soit fixé en préservant une marge de souplesse par rapport aux prévisions de besoins de financement sur l’année. Son objectif est de limiter l’usage de l’endettement à d’autres fins que le financement du budget, comme par exemple la gestion des liquidités monétaires. À titre d’exemple,  le compte du Trésor auprès de la Banque centrale était créditeur de 5,9 milliards de dollars en juin, ce qui représente un coût financier annualisé d’environ 413 millions de dollars à la charge du contribuable. L’opposition du ministre des Télécommunications n’a pas empêché l’adoption de cet article 5.
Au total, les dépenses budgétaires sont de 12 965 millions de dollars, les recettes de 8 546 millions de dollars et le déficit de 4 418 millions de dollars, soit 34 % des dépenses.