Deuxième à se lancer sur le marché en 1992, Delta Trading, avec sa marque Master, est devenu le leader du marché libanais. Master caracole en tête des ventes de chips au Liban avec un chiffre d’affaires de 52,4 millions de dollars, selon un article de Gulf Marketing Review (février 2008) et un peu plus de 40 % de part de marché, selon une étude menée par le groupe Lay’s. C’est en 1992, quelques mois seulement après Fantasia, que Master se lance sur le marché. Le groupe choisit de maîtriser son approvisionnement en cultivant ses propres champs de pommes de terre. Ce qui lui permet d’être peu sensible aux fluctuations des cours. « L’année 2008, marquée par une forte sécheresse, a été particulièrement difficile pour la culture de pommes de terre dans la région, en particulier en Égypte où se sont développé des maladies, précise Jalil el-Jakl, directeur de la qualité chez Delta Trading. Les cours ont flambé. Maîtriser notre approvisionnement a permis de faire face à cette crise. » Autre avantage, le contrôle continu de la qualité des matières premières. Delta Trading a été certifiée en 2008 par la norme ISO:22000, garantie reconnue au niveau de la sécurité alimentaire au plan mondial. « La chips est en fait un produit techniquement simple, qui requiert toutefois une forte maîtrise de la matière première utilisée, la pomme de terre », déclare Jalil el-Jakl. Le groupe a sélectionné la variété “Agria” dont il a l’exclusivité au Liban. Une fois récoltées, les pommes de terre sont sélectionnées selon leur calibre et stockées dans des entrepôts réfrigérés qui garantissent leur qualité entre les deux saisons de récolte (juillet-août et novembre). En 1998, Delta Trading attaque le marché des céréales de petit déjeuner avec sa marque Poppins. Ces céréales sont aujourd’hui commercialisées par la même équipe que les snacks salés, constituée de 150 vendeurs et livreurs, qui touchent 18 000 points de vente. « Notre réussite est aussi basée sur l’extrême diffusion de nos produits,  déclare François Mourad, le directeur marketing. Notre réseau de détaillants est l’un des plus étendus, comparable à ceux des distributeurs de boissons gazeuses. » Delta Trading n’utilise pas les cash-vans, des camionnettes dont les chauffeurs sont habilités à se faire payer directement, comme la plupart des industriels et distributeurs au Liban, mais des vendeurs qui prennent les commandes sur leurs terminaux portables. Les commandes sont alors traitées par l’usine, qui organise les livraisons dès le lendemain grâce à la soixantaine de camions de l’entreprise. Ces vendeurs sont aussi responsables de la présentation des produits, veillant à ce que leurs présentoirs soient présents dans chaque épicerie, au bon endroit et en bon état. « Ces présentoirs sont notre principal outil de vente », insiste Francois Mourad. La preuve ? 90 % de ses ventes sont ainsi réalisées dans les épiceries de quartier, contre 10 % en commerce moderne (supermarchés) où les présentoirs ne sont pas acceptés le plus souvent. La comparaison avec les céréales Poppins, vendues par la même entreprise, est intéressante. La tendance est alors inversée : le commerce traditionnel ne réalise que 30 % des ventes contre 70 % totalisées par les supermarchés et hypermarchés modernes. Le processus d’achat est, il est vrai, différent. La “ménagère” inscrivant les céréales sur sa liste de courses à acheter, quand les chips se vendent sur un geste impulsif. Delta Trading exporte aussi sa marque vers les pays frontaliers, bien que, comme le reconnaît François Mourad, les chips sont plutôt des produits locaux, les coûts de transport étant élevés par rapport à la valeur des produits. 30 % de la production est tout de même vendue en export, principalement en Syrie, où la marque Master est reconnue comme un gage de qualité, sur un marché dominé par de petits industriels, qui ne respectent pas forcément les mêmes normes. Son développement dans les pays du Golfe reste cependant contrarié par la prédominance et l’implantation plus ancienne de l’américain Lay’s (PepsiCo).