La multiplication des chocs boursiers a de quoi déboussoler les investisseurs, même les plus chevronnés. Peu d’économistes s’autorisent un pronostic sur le long terme : trop d’incertitudes toujours, en particulier les cours du pétrole, pour parier sur l’avenir. Ils tentent en revanche un effort de compréhension des causes de la crise. La séquence est en effet étonnante : « D’une part, l’éclatement de la bulle immobilière aux États-Unis et la crise du crédit facile qui entraîne une hausse importante de créances douteuses du système bancaire. En parallèle, la hausse des matières premières et des cours du pétrole, dopés par la demande des marchés émergents ainsi que par les positions spéculatives de certains fonds, tire l’inflation vers le haut. Enfin, par ricochet, une réduction du pouvoir d’achat réel des ménages qui ralentit une croissance déjà fragilisée par la crise immobilière », résume Paul Morcos Douaihy, directeur du Centre de recherches économiques et des marchés financiers de l’Université de Balamand.
Petit retour en arrière. Vers la fin des années 90, la croissance mondiale est tirée par les progrès technologiques et l’accélération de la mondialisation. « Cette croissance aurait normalement dû s’accompagner d’une hausse des prix. Mais cette dernière a été entravée par l’émergence des nouvelles technologies de l’information (NTIC) comme l’accélération de la mondialisation, qui déverse sur le marché des produits à très bas prix fabriqués en Asie. C’est ce qui explique pourquoi les autorités monétaires n’ont pas cru utile de réagir pour prévenir les effets accompagnateurs d’une croissance trop rapide : surconsommation, surinvestissement, surstockage ainsi qu’une mauvaise allocation des ressources dans l’économie », relève Albert Letayf, directeur du bureau de Beyrouth de l’Union bancaire privée (UBP).
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