En parallèle, les ménages américains se sont endettés, consommant toujours plus. « Les faibles taux – courts ou longs – consentis par les banques ont attiré beaucoup de particuliers vers les crédits hypothécaires », résume Paul Morcos Douaihy. Les banques ont accompagné ce mouvement en instituant des montages financiers de plus en plus complexes sans tenir compte des risques. Quand la crise dite des “subprime” explose à l’été 2007, elle ne touche pas seulement les biens des particuliers, mais l’ensemble du système financier mondial. « Les banques paient d’abord le prix de leur folle croissance : elles enregistrent des pertes record et sont forcées d’augmenter leurs fonds propres en émettant des titres à des conditions que consentiraient seulement des entreprises en “détresse” », analyse Albert Letayf. Le FMI estime les pertes globales dues à la crise financière à 945 milliards de dollars dont 565 milliards pour la seule crise des crédits hypothécaires.
Les principales Banques centrales mondiales, la Réserve fédérale américaine en tête, choisissent d’injecter suffisamment de liquidités dans le marché interbancaire pour prévenir toute faillite, qui risquerait d’entraîner le système entier dans la déroute. Elles y parviennent en favorisant notamment le rachat de la cinquième banque d’affaires américaine Bear Stearns, au bord de la faillite, par JP Morgan Chase en mars 2008.
Le moral en berne, le particulier américain, pour qui l’immobilier résidentiel représentait environ 50 % du patrimoine dont l’acquisition était assurée par la dette, se tourne désormais vers l’épargne. Avec, pour conséquence, une atonie de la consommation. « Le moteur américain est épuisé. Le fameux modèle du consommateur américain, locomotive de la croissance mondiale, semble être terminé. Un ralentissement majeur est sans doute à l’ordre du jour », affirme Paul Morcos Douaihy.