L’économie américaine, qui a connu une croissance modérée au premier semestre 2008, reste, elle, « structurellement faible », selon les projections du comité d’investissement du Crédit suisse dans son rapport de juin 2008. Les principaux moteurs de la croissance américaine sont effet au point mort. « Aux États-Unis, les fondamentaux ne sont pas bons. La situation du marché du travail est mal orientée (62 000 destructions nettes d’emploi en juin 2008, soit le sixième mois consécutif de baisse de l’emploi, NDLR), la crise immobilière n’est pas terminée, la confiance des ménages se trouve au plus bas depuis plus de 15 ans, le choc pétrolier tire l’inflation vers le haut limitant la capacité de la Fed à soutenir la conjoncture…», analyse Paul Morcos Douaihy, directeur du centre de recherche économique et des marchés financiers de l’Université de Balamand. Le système financier tout particulièrement subit une mutation structurelle. « Les banques demeurent confrontées à des conditions de financement difficiles et le marché de l’immobilier poursuit son processus d’ajustement, alors que les saisies (des biens immobiliers des particuliers, NDLR) se multiplient et que les prix ne cessent de chuter », lit-on ainsi dans la revue du Crédit suisse. Si la consommation américaine fléchit, générant une baisse des importations américaines (hors pétrole), ses effets négatifs se trouvent contrebalancés grâce à la progression des exportations, soutenues par la faiblesse du dollar, qui permet une amélioration sensible de la balance des échanges commerciaux. C’est cela qui, pour l’heure, permet à l’économie américaine d’éviter une entrée dans une véritable récession.
• Si les bourses sont à des niveaux bas comparables aux années 1994 et 2002, le risque demeure encore d’une baisse de l’ordre de 10 à 15 % à court terme, selon certains analystes interrogés. Sans surprise, la majorité des banques, à l’image du Crédit suisse, préconise une allocation neutre, voire, pour certaines, sous-pondérée : « En recommandant encore aux investisseurs d’éviter soigneusement les économies, secteurs et entreprises endettés pour se tourner vers les branches et les titres dont la dynamique bénéficiaire est alimentée par la croissance des pays émergents. » Une prudence, voire une défiance, qui toutefois ne doit pas confiner à l’atonie. Car, à l’image du Crédit agricole suisse, si on doit tenir compte d’indicateurs macroéconomiques peu favorables, « il est toutefois bon de rappeler que la croissance économique américaine devrait éviter d’être négative au second trimestre, contrairement aux attentes en début d’année. Par ailleurs, certains indicateurs de sentiments montrent que nous sommes proches de niveaux excessifs de “survente”. Enfin, conséquence de la baisse récente des indices, la valorisation des marchés actions est devenue encore plus attrayante ».
RECOMMANDATION
Faute d’espérer un rebond de l’économie américaine pour le second trimestre 2008, Crédit suisse préconise de « cibler les entreprises largement tournées vers le commerce d’exportation, car les consommateurs américains et l’économie domestique sont mis à rude épreuve ». Tous les secteurs de l’économie américaine sont en effet négatifs sur les six derniers mois, même l'énergie et les matières premières. La lanterne rouge allant au secteur des biens de consommation et de la finance.