La croissance mondiale reste tributaire d’une dynamique imprédictible, liée à la hausse continue des cours du pétrole. L’augmentation régulière des cours du brut, portée par la demande en énergies des pays émergents (la demande supplémentaire de pétrole provient pour plus des 4/5 de ces économies) en même temps que la raréfaction des ressources, se traduit par un transfert de revenu au profit des grands producteurs que sont les pays du golfe Arabique ou la Russie. Du coup, les revenus disponibles des pays importateurs diminuent. L’augmentation du prix de l'essence à la pompe pèse sur le pouvoir d'achat des ménages et les entreprises accusent un relèvement de leurs coûts de production. Dans un entretien au Journal des Finances (juin 2008), Pierre Zelenko, coauteur de Géopolitique du pétrole (Éd. Technip), fait ainsi remarquer que : « les économies les plus touchées sont celles avec la plus forte composante industrielle, l'industrie étant grande consommatrice de pétrole. Souffriront aussi particulièrement de la hausse des prix actuelle les secteurs qui dépendent des coûts des transports, pour lesquels le pétrole est difficilement substituable, et les pays en voie de développement dont les sources d'approvisionnement sont moins diversifiées et l'intensité pétrolière élevée ». Cette flambée alimente le retour d’une inflation persistante.

RECOMMANDATION
Selon LCB Capital Management, le prix des matières premières et spécialement les cours du pétrole connaissent désormais une “spirale spéculative (…)”. Cette spirale, assure la LCB, « augmente les risques d’une récession aux États-Unis ainsi que celui d’une hausse des taux de la Fed pour combattre l’inflation ». Cette hausse, si elle avait lieu, représente un risque pour les matières premières dont les indices ont déjà ralenti en mai. « Dans ces circonstances, les investisseurs doivent rester prudents. D’autant que le prix des autres matières premières, corrélées au pétrole, augmente également », reprend LCB Capital Management. Même constat du côté du Crédit suisse : « Les rendements, en glissement annuel, d’un investissement dans le Dow Jones AIG Commodity Index ont plafonné à 26 % en avril pour ensuite commencer à fléchir en mai. » Si, pour la banque helvétique, la tendance haussière des cours des matières premières fait peu de doute sur le long terme, à court terme toutefois, leurs cours « devraient retrouver une évolution plus proche de la normale, de l’ordre de 7-9 %, et quoi qu’il soit nettement en deçà des 26 % enregistrés en avril. Mais ce réajustement entraînera des turbulences ».