• Face au ralentissement économique, la Réserve fédérale américaine a choisi de baisser ses taux d’intérêt, se souciant peu de la montée de l’inflation. « Le débat au sein de la Fed a cependant changé au cours des derniers mois. Certains veulent toujours maintenir le taux directeur à 2 % comme aujourd’hui ; d’autres voudraient le remonter. Je pense que l’hypothèse haussière est plus probable surtout si les anticipations inflationnistes des marchés s’accentuent », fait valoir Paul Morcos Douaihy. Dans son rapport annuel, la Banque des règlements internationaux (BRI), qui table sur une inflation mondiale de 4,7 % d’ici à 2009, estime qu’avec 2,2 % aux États-Unis d’inflation prévisionnelle sur un an pour 2008 et 4 % pour la zone euro, « la hausse récente de l'inflation (...) dans les économies avancées devrait être passagère ». Cette hausse trouve son origine pour un tiers dans la progression des prix de l'énergie, pour un autre tiers dans l'augmentation des tarifs des produits alimentaires et pour un dernier tiers dans les autres produits, principalement les services. « Cela peut créer quelques difficultés à court terme », admet la BRI, notamment pour les entreprises, avec des conditions de crédits plus difficiles et une baisse de leur rentabilité.
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Dans ce contexte de faiblesse des taux d’intérêt sur le dollar, les banques ne favorisent pas les investissements dans les obligations sans risque (de rating AA à AAA) ou les obligations spéculatives (de rating BB à CCC), faute de rendements suffisants. « Cela n’induit pas qu’il faille exclure les obligations de l’allocation d’actifs », avance Toufic Aouad, de Audi-Saradar. « Les actifs à rendements fixes étant indispensables à toute gestion de portefeuille financier. » De son côté, LCB Capital Management préconise, elle, de se focaliser sur le marché obligataire européen et londonien « dont les rendements sont remontés et désormais attractifs, même si la volatilité des obligations reste encore élevée du fait des risques d’inflation ». Les obligations gouvernementales des pays émergents, libellées en monnaies locales, devraient également constituer un investissement central.
• Les obligations convertibles constituent également une solution de rechange face à la volatilité du marché des actions. « Vouées à tirer les fruits d’une reprise durable des actions à longue échéance, les obligations convertibles présentent également des caractéristiques pour le moins intéressantes à moyen terme si l’on en juge par la protection partielle que procurent les planchers obligataires notamment au vu des accès de volatilités appelés selon nous à sévir régulièrement sur le marché des actions », lit-on ainsi dans la revue de recherche financière du Crédit suisse.
Côté européen, la BCE n’a guère tenu compte de ses prévisions alarmistes pour la croissance : elle a annoncé le relèvement de son principal taux directeur de 4 à 4,25 % début juillet, afin de ne pas laisser l’inflation s’installer dans la zone euro. Pour la BCE, il s’agit de tenter de stabiliser les prix à long terme. Elle craint en effet qu’une “spirale inflationniste” – selon les termes employés par son président Jean-Claude Trichet – s’enclenche avec une augmentation des prix, entraînant une hausse des salaires, qui, à son tour, générerait une nouvelle augmentation des prix. « La BCE, dont l’objectif est de maintenir l’inflation totale et non pas sous-jacente (hors éléments volatils comme l’énergie et les produits alimentaires) en dessous ou proche de 2,0 % à moyen terme, est clairement embarrassée par le niveau élevé de l’inflation totale en zone euro. Sa hausse de taux montre clairement sa détermination à contrer l’inflation, même si elle va casser la croissance. La Fed a une approche moins dogmatique du fait qu’elle a un double objectif (stabilité des prix et bas niveau du taux de chômage) et surtout du fait qu’elle privilégie l’inflation sous-jacente à l’inflation totale », explique Paul Morcos Douaihy.
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La décision de la BCE de resserrer les rênes de sa politique monétaire n’a pas, comme les analystes s’y attendaient, creusé l’écart avec le billet vert. Largement anticipé, la parité euro/dollar ne s’est pas accélérée à la hausse même si, pour l’heure, et ainsi que le note le Crédit agricole suisse, « le différentiel des taux reste en faveur de l’euro ». D’où, pour cette institution helvétique, le maintien de son trading range aux alentours de 1,55 pour l’eurodollar.
• Reste le cas des pays émergents : moteurs de la croissance mondiale mais qui, pour certains, comme l’Amérique latine ou l’Afrique, font face, à leur tour, à une inflation « incontrôlée », ainsi que le notait en juin dernier Dominique Strauss Kahn, patron du FMI, ajoutant qu’il s’agissait là de « la plus grande menace pour (la stabilité de) l'économie mondiale ». Certes, un certain nombre de pays émergents ont d’ores et déjà pris des mesures de durcissement des conditions monétaires et de limitation de la demande en matières premières. Ainsi, les Banques centrales du Brésil, de la Russie, de l’Indonésie ou des Philippines ont-elles décidé d’un relèvement de leurs taux directeurs pour tenter de mieux contrôler l’inflation. L’Inde a également décidé de réduire ses subventions en faveur des carburants, afin de réduire la demande domestique. Pour l’heure, toutefois, cette politique n’a pas eu d’incidence sur l’inflation indienne (+11 % en moyenne annualisée en 2008).
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