Il n’existe pas de portefeuille standard idéal. Chaque allocation doit être adaptée au profil de l’investisseur. Toutes les banques privées et les institutions financières interrogées ont insisté sur ce point. « La gestion du portefeuille d’un client privé doit être adaptée à son profil, ses besoins et ses objectifs », explique Jean Riachi, PDG de FFA Private Bank, qui classe ses clients en six catégories. Pour personnaliser et optimiser une stratégie d’investissement, chaque banque a développé une grille d’analyse qui intègre différents profils d’investisseur . « Notre base recense quelque 26 profils de clients avec, pour chacun, des options financières différentes. Nous tenons compte de sa situation financière globale mais aussi, entre autres, de son âge, de sa situation familiale… », avance Youssef Nasr, président de la région Moyen-Orient et des pays du Golfe de la banque britannique HSBC. Parmi les éléments les plus déterminants quant à l’élaboration du profil client : son aversion au risque ainsi que l’horizon d’investissement du client par rapport à son investissement.
Le montant de l’investissement n’est pas déterminant
Ce n’est pas tant le montant de l’investissement qui importe que son profil. Les banques interrogées modifiant bien plus leur stratégie en fonction de l’appétence au risque de l’investisseur. Àla Fransabank, on précise ainsi que tout plan d’investissement requiert au préalable « de comprendre l’objectif d’investissement du client. En d’autres termes, le client doit répondre à la question suivante : pourquoi investir ? Il faut également établir un bilan de patrimoine du client – ses avoirs et ses dettes – et examiner ses revenus. De la même manière, il est primordial de déterminer le temps alloué à cet investissement ainsi que la tolérance au risque du client, c’est-à-dire le niveau de risque que le client peut assumer. Il est important de savoir également distinguer entre la capacité du client à assumer le risque – fonction essentiellement du revenu du client, de son patrimoine et de son âge – et son attitude vis-à-vis du risque –, comment supporte-il une perte ? ». Ce n’est qu’à partir de cette étude approfondie que pourra ensuite s’effectuer la sélection des supports d’investissements.
D’autant que c’est dans ces périodes d’incertitude ou de krach boursier qu’il faut investir. « Du fait de la hausse des prix, ne pas investir pourrait conduire à une perte de pouvoir d’achat de l’épargne monétaire », fait ainsi valoir Albert Letayf. Une bonne raison que renforce si besoin est l’adage boursier : acheter au bruit du canon, vendre au son des clairons. Car, c’est aussi en période de crise que les meilleures opportunités d’investissement peuvent se présenter, du fait même de la panique des marchés qui tant à déprécier l’ensemble des actifs. LCB Capital Management rappelle ainsi qu’une allocation d’actifs doit se construire sur le long terme avec une exposition aux “market timing” (ou allocation tactique) limitées. Jean Riachi, de FFA Private Banking, partage ce diagnostic : « Essayer d'anticiper le marché pour un gérant d’actifs va essentiellement consister à réduire l'exposition au risque en période de turbulences comme c’est le cas aujourd’hui. Mais cela s’avère le plus souvent contre-productif en termes de performance à long terme et ne sert en fait qu'à rassurer le client, paniqué devant la dépréciation de ses actifs, et son gérant. Le “market timing”, qui consiste à faire des choix d'investissements en fonction de l’humeur des marchés, s’avère être historiquement générateur de mauvais résultats. Il a en effet été prouvé statistiquement que plus de 70 % de la performance d'un gestionnaire est générée par l'allocation d'actifs stratégique et 30 % uniquement par le “market timing” et la qualité de la sélection. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas essayer d'améliorer la performance d’une allocation et, ainsi, pour profiter des hauts et des bas du marché. Notre réponse chez FFA est d'inclure une forte proportion de fonds alternatifs dans nos allocations stratégiques. Les gérants de ces fonds, en particulier ceux des “opportunity funds”, des “multistrategy funds” ou des “macros funds”, sont des spécialistes de l’allocation tactique. Ce sont des professionnels qui ont un historique et une expérience derrière eux. »
Diversification du portefeuille
Règle de base d’une gestion saine : la diversification. « Une diversification ne veut pas nécessairement dire investir systématiquement dans toutes les classes d’actifs et dans les différentes zones géographiques. L’allocation des actifs doit être dynamique et bien ciblée, sinon elle perd toute son essence. Elle devra donc se faire progressivement en fonction des différentes opportunités qui se présentent ponctuellement sur les marchés financiers », précise Toufic Aouad, directeur dénéral de la Banque privée Audi-Saradar (ASPB). Toutefois, la diversification dépend des montants investis. « Il est difficile, voire impossible d’appliquer cette règle pour de faibles montants (10 000 dollars par exemple). La politique de diversification la plus optimale pour ces montants sera alors d’investir dans un fonds unique », prévient la Fransabank.
Modèle informatique pour optimiser la gestion
Une fois l’allocation stratégique d’actifs déterminée, les banques, plus spécifiquement leur département banque privée, sélectionnent des fonds et des produits d’investissement afin de constituer l’allocation initiale du portefeuille. La plupart font varier l’allocation entre une part dite “sécurisée” (de type obligations, dépôts fiduciaires) et une part plus “spéculative” (de type marché des actions, fonds spéculatif…), qui permettent de meilleurs rendements mais avec une prise de risque également plus élevée. En général, moins d’une dizaine de fonds ou de produits sont choisis en fonction de leur rentabilité et de leur volatilité (1). Celles-ci étant déterminées grâce à des modèles informatiques d’optimisation de portefeuille. « Après avoir simulé plus d’une douzaine de milliers de possibilités, le système extrait la meilleure allocation tenant compte des critères précédents telle l’aversion au risque du client, ou son indépendance par rapport à son investissement », avance-t-on chez FFA. La banque se chargeant au préalable d’établir des projections afin de déterminer un rendement moyen attendu pour chacun des fonds.
Gestion de masse versus personnalisation
de la relation client banque
Inutile de se leurrer avec 10 000 dollars à placer, la gestion de son portefeuille s’effectuera par son conseiller bancaire en agence, même si celui-ci s’appuie sur l’expertise des équipes d’analystes du département de gestion de fortune de son groupe. Ce n’est en général qu’à partir d’un million de dollars que les banques offrent un traitement “sur mesure” à leur clientèle. « Pour 10 000 dollars, l’investisseur entre dans la catégorie de la clientèle de banque de détail. Il est pris en charge par un conseiller commercial. Pour un investissement de 100 000 dollars, le client est pris en charge par un “banquier privé” qui propose au client les produits qui correspondent à son profil, en coordination avec le département de gestion conseillée. Le client, qui veut investir plus d’un million de dollars, est, en général, pris en charge par un banquier privé qui lui propose une allocation d'actifs et lui offre des services financiers personnalisés en collaboration avec le département de la gestion conseillée », explique-t-on au sein de la Banque libano-française.
(1) En finance, la volatilité est une mesure de l'ampleur des variations du cours d'un actif financier.
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