Pour Aline Kamakian et Serge Maacaron, ouvrir un restaurant était au départ un jeu. Le succès du Mayrig, l’enseigne arménienne située rue Pasteur, a séduit et les deux associés devraient ouvrir en mars 2009 une franchise à Djeddah, en Arabie saoudite.
Nés respectivement en 1969 et 1975 à Beyrouth, ces deux cousins germains par leur mère ne se destinaient pas à la restauration. Après des études de gestion et de finance à l’Université Saint-Joseph, Aline crée la compagnie de courtage en assurance spécialisée dans les hôtels, Insurance Investment Consultant, dont le chiffre d’affaires annuel frôle les 1,8 million de dollars, avec 100 000 dollars pour la branche consulting. Depuis 18 ans, elle assure et conseille des établissements comme les cinq hôtels InterContinental du Liban. Serge, de son côté, a fait des études d’économie et de marketing au Beirut University College avant de rejoindre l’équipe du Continental Trust Insurance il y a plus de 10 ans. Également dans les assurances et la construction, il est responsable du département marketing.
Pour eux, l’aventure de la restauration a commencé lors d’un déjeuner en famille un dimanche de 2003. C’est en constatant que la cuisine arménienne de leur grand-mère, Manouchag Jouhourian Mardirian, était l’une des plus savoureuses, qu’ils ont décidé d’ouvrir un établissement à son effigie. Guidés par l’euphorie, le mercredi suivant, ils trouvent le local. Le vendredi, ils avaient signé. Le dimanche, le chantier avait commencé. Au total, en quelques semaines, ils ont investi 400 000 dollars dans ce restaurant de 220 mètres carrés et dans la location d’une cuisine centrale de 450 mètres carrés à Rabié. Un investissement remboursé depuis peu. D’une capacité de 90 personnes au maximum, le Mayrig, qui signifie maman en arménien, propose des plats arméniens adaptés en mezzés pour un ticket moyen de 35 dollars par personne. Une vingtaine d’employés évoluent dans le restaurant et une quinzaine dans la cuisine de Rabié. Cette cuisine centrale est jugée essentielle par les propriétaires du Mayrig, car elle permet à une douzaine de femmes arméniennes de mijoter les plats traditionnels, comme le mante ou encore le soubeurag. Et le succès est au rendez-vous : le Mayrig revendique près de 40 000 clients par an.
Des résultats qui ont attiré des investisseurs souhaitant franchiser le restaurant. Pour Djeddah, leur choix s’est porté sur Mohammad el-Khojah, qui est coassocié de Pente, une société de gestion de restaurants. Ce dernier a investi un million de dollars dans une villa de trois étages située dans une zone de restaurants. Le retour sur investissement est prévu dans trois ans. D’une superficie de 300 mètres carrés, sans la terrasse, ce restaurant pourra accueillir près de 250 personnes. Et l’expansion régionale du Mayrig ne s’arrête pas là. Le restaurant devrait également s’implanter au Koweït avant la fin de l’année 2009. Mais les deux cousins n’ont souhaité divulguer aucune information. Seule certitude, l’investisseur ne sera pas le même. Quant à l’ouverture d’autres établissements, elle est encore possible, les propriétaires du Mayrig ne prévoyant toutefois pas d’ouvrir plus de trois franchises en deux ans.
Le secret de la cuisine arménienne, en revanche, ne s’exportera pas : la plupart des plats seront concoctés au Liban et envoyés à Djeddah ou au Koweït. Pour ce faire, Aline et Serge ont investi un million de dollars dans un immeuble à Bourj Hammoud qui servira, d’ici à six mois, de cuisine centrale pour l’exportation, celle de Rabié étant réservée pour le Liban. D’autres idées les taraudent, comme celle d’adapter la cuisine arménienne à la restauration rapide.
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