Peut-être est-ce sa vision pessimiste du monde qui l’aide. Peut-être aussi ses quatorze ans passés à scruter les cours boursiers et quelques krachs vécus en direct. « Celui-ci cependant est sans commune mesure. Les banques seraient en faillite si les aides gouvernementales ne les maintenaient pas sous perfusion. Mon expérience me fait dire que nous sommes loin d’une sortie de crise et personne, strictement personne, ne sait ce que nous allons devenir. » À défaut de prévoir l’avenir, Michel savait son licenciement inéluctable. « Avec moi, cela n’a mis que cinq minutes. Mon bureau était déjà rangé. » Il faut dire que le groupe financier pour lequel il travaillait est celui qui, à Londres, détient le triste record du plus grand nombre de licenciements. Mais de là à imaginer que son département serait purement et simplement rayé de l’organigramme de la banque… Non, cela au moins, il n’y était pas préparé. « Mon service a carrément été fermé », répète-t-il encore abasourdi. Michel affirme avoir d’ores et déjà certaines pistes. « Je repars à Londres. Quelle que soit ensuite ma décision – me rendre dans le Golfe ou fonder ma propre entité de gestion de fonds –, c’est à partir de Londres que cela se décidera. » Mais quelque chose dans son attitude – corps tendu, difficulté à parler de son histoire – laisse penser que la violence de son licenciement n’est pas encore résorbée. « Je me donne entre trois et six mois pour me retourner. Pour l’heure, je cherche à un niveau de gain équivalent. Après… » « Pour un junior, changer de branche est possible. Pour un senior aguerri, une retraite anticipée ne pose guère de problème. Mais pour nous, qui sommes au milieu du guet ? Quelle solution ? Trop vieux pour envisager une autre carrière ; trop jeune pour se retirer. »
Déjà abonné ? Identifiez-vous
Les articles de notre site ne sont pas disponibles en navigation privée.
Pour lire cet article, veuillez ouvrir une fenêtre de navigation standard ou abonnez-vous à partir de 1 $.
Pour lire cet article, veuillez ouvrir une fenêtre de navigation standard ou abonnez-vous à partir de 1 $.