Des valises sous les yeux, la voix monocorde et l'air embrumé d'avoir veillé trop tard. Comme presque tous les lundis soir, Gabriel (1) a joué au poker dans un cercle privé, comme il s’en organise beaucoup au Liban. « On se connaît tous : si je voulais jouer tous les soirs, je trouverais sans problème une table. Tu es coopté : un ami t’invite et tu deviens membre d’un réseau informel. » Le virus, Gabriel l’a attrapé lors d’un séjour au Canada, il y a un an et demi. Un ami lui a expliqué les règles du Texas Hold’em : il a adoré. « On dit qu’avec cette variante du poker, il te faut une minute pour comprendre les bases et une vie entière pour les maîtriser. » Son meilleur coup ? 22 000 dollars dans un tournoi du Casino du Liban. « Au final, sur l’année, j’équilibre entre pertes et gains. Je gagne un peu plus que je ne perds. Mais pas dans des proportions extraordinaires. » Un rien fatigué dans son fauteuil de dirigeant d’une agence de communication, Gabriel avoue aussi s’adonner aux plaisirs solitaires des jeux en ligne. « Certes, c’est moins convivial. Mais cela me détend. Et l’on peut miser peu, 20 dollars par exemple, et espérer gagner son inscription à l’un des grands tournois européens. » Gabriel s’est aussi offert il y a peu un séjour à Prague entre amis, familles et casinos. « On s’est fait sortir le premier jour du tournoi. On s’est rattrapé sur des “petits tournois”, entre perdants. » L’expérience lui a plu et désormais il aimerait tâter de tournois plus prestigieux.