Domaine : traduction en temps réel sur Twitter
Financement initial : personnel
Fondé : en 2009
Fondateur : Samer Karam
Sur Twitter, certains se plaignent de l’absence d’un gourou “arabe” capable d’évangéliser les masses et de stimuler le désir d’aventures technologiques. Mais, il existe au moins un “serial entrepreneur” du web au Liban. Son nom ? Samer Karam. Ce grand échalas, qui a fait de Hamra sa zone de chasse et du café Younes son bureau, est sur tous les fronts. Responsable du marketing, du premier forum ArabNet qui réunissait fin mars les entreprises du web régional. Il est aussi l’heureux papa d’au moins trois start-up juvéniles : Wunbox, qui gère l’ensemble des comptes Internet sur une seule plate-forme ; cooki3rman, un service de livraison de cookies “fait maison” via le réseau Twitter (aujourd’hui en sommeil) et livetwitting, une application liée à l’environnement Twitter, qui traduit les “twit” (ou courts messages) de l’anglais vers l’arabe (et inversement). Wunbox a été fondé en février 2009. Avec moins de 50 000 dollars de mise de fonds, lui et ses deux partenaires Ayman Chit et Salim Hbeiliny ont mis six mois pour construire leur prototype. « Ensuite, j’ai couru le monde pour le présenter. Tous les investisseurs rencontrés me disaient : “Wunbox ? C’est génial, mais revenez quand vous aurez 50 000 utilisateurs”. En attendant, je fais comment pour générer du trafic sur mon site sans cash pour le faire connaître ? » La réponse, il la trouve en abandonnant le modèle B to C initial pour s’attaquer au marché B to B. Wunbox répond à l’appel d’offres d’une boutique de gestion de fortune, qui cherchait un mode de management en temps réel de ses systèmes d’information. « À la fin, nous étions deux shortlistés : Wunbox… Et Microsoft ! La pression sur les prix devenait trop dure toutefois. Nous n’avions pas les moyens de nous aligner sur les offres de Microsoft. » Fin 2009, Wunbox est mise en sommeil, faute d’avoir trouvé des financements. Désœuvré, Samer Karam décide de partir à la conférence parisienne du Web 2.0. Tant qu’à y assister, pourquoi ne pas se rendre utile ? « L’un des outils qui me semblait manquer était une application qui permette au monde arabe de s’associer à l’événement. » Traduire pour comprendre, d’autres ont déjà eu cette idée : depuis 2006 Meedan, une plate-forme du web social arabe relaie ainsi les discussions (ou l’actualité) liées au Moyen-Orient, de l’anglais vers l’arabe (et inversement) en s’appuyant sur une traduction automatique que les lecteurs affinent et corrigent. Mais il manquait un outil de micro-blogging. D’où Livetwitting, qui transpose en temps réel et d’une langue à une autre, grâce à un réseau de traducteurs bénévoles. Ce qu’en jargon on appelle du crowdsourcing (ou entreprise collaborative). « J’ai croisé sur le Net Beshr Kayali, créateur d’un blog de design Web Alistapart. En une semaine, l’application était finalisée. » Résultat : pendant la conférence parisienne du Web 2.0, 500 personnes utilisaient gratuitement livetwitting au quotidien, permettant à l’arabe d’être le deuxième langage le plus utilisé lors de cet événement. La suite ? Le forum ArabNet s’en est emparé pour que ses Twits essaiment à leur tour sur le Net. « C’est devenu un produit. On peut le franchiser : par exemple, autoriser l’usage de cette application “en marque blanche” pour des événements, sans que le nom de Livetwitting apparaisse ». Commercialiser ce qui n’était qu’un projet créé pour « s’amuser », pour Samer Karam, l’idée fait son chemin. D’autant qu’une autre start-up, Speaklike, a depuis lancé un produit similaire, faisant payer une moyenne de 0,25 dollar le twit traduit. Qu’importe si un autre l’a devancé. Samer Karam foisonne de projets pour connecter le monde arabe au web mondial.
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