Le Liban a fait un choix stratégique clair : celui d’utiliser le GNL (gaz naturel liquéfié) pour ses centrales électriques. La mise en œuvre de cette décision est possible dans un délai de deux ans.

Le gaz étant le combustible le moins cher pour les centrales électriques, le Liban a depuis longtemps choisi d’y avoir recours sans toutefois réussir à s’approvisionner. Si tout se passe bien, ce sera chose faite dans les deux ans. C’est en tout cas le plan du ministère de l’Énergie et des Ressources hydrauliques, approuvé par le Conseil des ministres du 21 juin 2010 qui a de surcroît voté les crédits budgétaires nécessaires, soit une enveloppe de 4,87 milliards de dollars pour le court et moyen terme et de 1,65 milliard pour le long terme.
Le plan repose sur l’importation de GNL (gaz naturel liquéfié) moyennant la construction des infrastructures adéquates. Ce choix est dicté par un constat : bien que connecté depuis 2005 au gazoduc terrestre arabe via la Syrie, le Liban ne peut pas compter sur un approvisionnement en gaz naturel suffisant par cette voie. Le gaz fourni par l’Égypte, par exemple, suffit à peine à couvrir la moitié des besoins en combustible de la centrale de Deir Amar (dans le nord du Liban). Ce déficit s’annonce structurel, étant donné les besoins en gaz de la Syrie et de la Jordanie, par qui il transite.
Plutôt que d’attendre une amélioration de ce côté, dont l’horizon est très incertain, le gouvernement a opté pour le GNL qui a en outre l’avantage d’être disponible en abondance sur le marché international.
Pour ce faire, quatre chantiers parallèles sont en cours : 1) la construction d’un gazoduc le long du littoral libanais afin de desservir toutes les centrales du pays ainsi que certains gros consommateurs industriels ; 2) l’installation d’un terminal méthanier offshore d’importation et de regazéification ; 3) la construction d’une passerelle entre cette plate-forme et le gazoduc ; 4) la négociation de contrats d’approvisionnement en GNL.

Faisabilité du gazoduc

Chargée en août dernier d’examiner la faisabilité du projet de gazoduc côtier, la société de conseil en ingénierie Associated Consulting Engineers (ACE) doit remettre son étude en novembre. Elle porte sur le tracé du gazoduc, du nord au sud, le long de l’ancienne ligne de chemin de fer, avec une déviation sous-marine pour contourner la conurbation de Beyrouth. Le coût du projet dont le cahier des charges doit être rédigé par ACE est estimé à environ 200 millions de dollars. « Le financement des travaux qui devraient durer deux ans est disponible : des crédits budgétaires ont été approuvés en Conseil des ministres », précise Raymond Ghajar, conseiller du ministre de l’Énergie.
ACE, qui a remporté ce contrat de consultation pour un million de dollars, a été fondée en 1956 au Liban, et opère aujourd'hui dans plus de 18 pays, avec des bureaux au Moyen-Orient, en Afrique, en Europe et aux États-Unis.

Terminal méthanier offshore

Le GNL n’est pas utilisable tel quel, mais il doit repasser de l’état liquide (à très basse température) à l’état gazeux. Il existe plusieurs techniques pour le faire. Celle d’une plate-forme offshore est jugée la plus appropriée par le ministère de l’Énergie. Il s’agit d’un méthanier équipé d’une unité de regazéification. Il prend livraison de GNL, amené par d’autres méthaniers, le transforme et l’injecte aussitôt dans le gazoduc à travers une pompe à haute pression.
« Nous sommes sur le point de signer un contrat avec un consultant qui préparera l’appel d’offres pour l’adjudication de cette plate-forme offshore sur la base d’un accord BOO (Build Operate Own) », précise Ghajar.
L’investissement, de 100 à 150 millions de dollars, sera assumé par le fournisseur de la plate-forme. Cette entreprise privée sera rémunérée en tant que prestataire de service. L’appel d’offres devrait être prêt en 2011.
Le choix de l’emplacement doit également être précisé, mais il semble d’ores et déjà acquis que la plate-forme sera située au large de Deir Amar, dans le Nord, car la profondeur des eaux y est de plus de 20 mètres et la mer plus calme.

Quai et pompe haute pression

La configuration des fonds marins détermine la longueur du quai et de la pompe haute pression qui reliera le terminal méthanier au gazoduc terrestre. Dans le Nord, ce quai serait de quelques dizaines de mètres, contre trois kilomètres dans le Sud, explique Raymond Ghajar.
Le cahier des charges pour la construction de ces installations est prévu pour 2011, sachant que la pompe haute pression coûte à elle seule quelque 50 millions de dollars.

Négociation des contrats

Enfin, la quatrième composante du plan GNL consiste à négocier des contrats d’approvisionnement avec les fournisseurs potentiels (Algérie, Qatar, Égypte, Yémen, etc.). Il s’agit de contrats particulièrement complexes et le ministère est à la recherche d’un consultant en mesure de l’assister, explique Raymond Ghajar. « La complexité est liée à la nature du GNL - très difficile à stocker, car il doit être conservé à des températures très basses (-162 degrés) afin de minimiser l’évaporation - qui suppose de livrer immédiatement après la production. »
 

Pourquoi le gaz ?

Le gaz est le combustible le moins cher et le plus propre pour alimenter des centrales électriques thermiques. Son cours “Spot” est récemment tombé sous les deux dollars sur les marchés internationaux, contre 7 à 8 dollars il y a quelques mois. En moyenne, son coût est de 7-10 dollars/mmbtu, contre environ 480 dollars la tonne de fioul lourd ou 880 dollars la tonne de diesel.