Fondée il y a dix ans par Ziad Abichaker, Cedar Environmental propose aux municipalités de retraiter leurs ordures ménagères sur la base d’un partenariat : la municipalité fournit le terrain où construire l’usine de traitement et demeure responsable de la collecte des déchets ; Cedar Environmental se charge de leur retraitement et de l’enfouissement dans les décharges. Le coût d’une usine varie entre 300 000 dollars (pour six tonnes quotidiennes) et 2,5 millions de dollars (pour 50 tonnes quotidiennes). Il est rentabilisé par les recettes du traitement : la tonne est facturée 35 dollars à la municipalité.
Aujourd’hui, Cedar Environmental gère 11 usines de traitement des déchets solides, dont la plus grande, d’une capacité de 50 tonnes, a été mise en fonction en juin 2009 à Hbaline (Jbeil) sur le terrain de l’ancienne décharge sauvage. À terme, ce centre doit servir près de 85 municipalités du caza de Jbeil. Son financement a été assuré par des dons institutionnels, en premier lieu l’agence américaine USAid. Dans le cas de l’usine de l’abattoir de Beyrouth (six tonnes par jour) et de celle de Naqoura (12 tonnes par jour), sous contrat avec Cedar Environmental, l’investissement initial a été pris en charge par l’opérateur privé lui-même, pour un montant de 750 000 dollars au total, avec une rentabilisation sur un horizon de cinq à six ans. Qu’il s’agisse de dons institutionnels ou de fonds privés, l’usine reste la propriété de la société.
Les déchets, à leur arrivée, sont triés entre déchets organiques (alimentaires, végétaux…), recyclables (aluminium, plastique…) et non recyclables. Ces derniers sont ensuite enfouis dans des décharges sauvages. Les produits recyclables sont revendus ; les déchets organiques, enfin, servent à la fabrication de compost. En 2009, le groupe a réalisé 1,25 million de dollars de chiffre d’affaires, dont 70 % proviennent de l’activité de recyclage et 30 % de la vente de machines, comme des broyeuses de plastique, conçues et réalisées par l’entreprise.
C’est la fabrication de compost qui, selon Ziad Abichaker, devrait permettre à l’entreprise de se développer. Aujourd’hui, Cedar en produit quelque 9 000 tonnes par an, avec une progression de près de 50 % entre 2008 et 2009. Le fertilisant est emballé sur place dans des sacs de 15 à 20 kilos, puis vendu aux agriculteurs directement, autour de 125 dollars la tonne (compost végétal), voire 225 dollars la tonne (compost animal), contre 450 dollars pour un fertilisant biologique importé, selon Ziad Abichaker. « Nous sommes en rupture de stock sur le compost animal et légèrement excédentaires pour le fertilisant végétal. »
Si l’on demande à Ziad Abichaker quelles sont les limites d’une telle expérience, il évoque le monopole de Sukleen dans la région du Grand Beyrouth (hors caza de Jbeil) et les difficultés récurrentes de paiement (retard de paiement de la caisse autonome des municipalités, difficultés de recouvrement des taxes directes) auxquelles font face les municipalités, entraînant une gestion parfois acrobatique de la trésorerie. Il ajoute aussi que certaines municipalités ne comprennent pas qu’il faille payer pour le coût de traitement, considérant qu’elles font un “don” en apportant leurs déchets.
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