C’est dans la vallée de la Békaa, non loin de Chtaura, que l’usine Sicomo recycle depuis près de 30 ans du carton pour en faire des matériaux semi-finis : du carton pour enroulement, utilisé pour les rouleaux de papier toilette ; du carton gris, pour les reliures de livres, les boîtes à chaussures ou les boîtes de mouchoirs ; et, enfin, le carton blanc ou métallisé, destiné aux plateaux des pâtisseries.
Chaque année, Sicomo, dont l’actionnaire principal est depuis la fin des années 1990 la holding de Zafer Chaoui, propriétaire par ailleurs de Ksara, produit quelque 25 000 tonnes de carton recyclé. Il est destiné à 40 % au marché local, tandis que les 60 % restants sont exportés, principalement vers les pays du Golfe, mais aussi vers l’Europe ou l’Afrique. Les clients sont essentiellement les usines de transformation, qui réalisent les produits finis et l’industrie de la reliure.
La matière première, c’est-à-dire le carton déjà utilisé, provient à près de 60 % de fournisseurs locaux – principalement de Sukleen – ainsi qu’en infime partie (à peine 1 %) de sociétés privées disposant d’unités internes de recyclage comme le centre de Pepsico dans la région de Zahlé. Elle est constituée, pour les 40 % restantes, d’importations, faute de disposer des quantités nécessaires de carton sur le marché local. Cette insuffisance est due en grande partie à l’absence de tri organisé systématique, à la méconnaissance de l’existence d’industries de recyclage, ainsi qu’au manque de mesures incitant au tri des déchets, selon Alain Khoury, directeur administratif de Sicomo.
Le coût de la matière brute varie entre 60 dollars par tonne (marché local) et 100 dollars par tonne (importation). Sur place, le carton subit différentes phases de transformation, par l’ajout d’eau puis de produits chimiques, pour former ensuite une pâte qui va être nettoyée (odeur, résidus de déchets) jusqu’à constituer un produit semi-fini.
Sicomo, qui compte 120 employés, réalise un chiffre d’affaires de plus de 10 millions de dollars annuels. Le carton produit est vendu entre 400 à 700 dollars par tonne pour le carton pour enroulement, autour de 1 000 dollars par tonne pour le carton métallisé. Parmi les dépenses importantes auxquelles Sicomo doit faire face, celui de l’électricité, qui représente près de 30 % des coûts de production, mais aussi celui de la logistique, dû à la collecte non diversifiée. C’est pour cela que l’entreprise a mis en place à partir de 2008, en concertation avec le ministère de l’Environnement, un projet de collecte en phase expérimentale : individus ou sociétés mettent de côté leurs cartons usagés et contactent Sicomo, qui se charge de les collecter, tout en octroyant une contrepartie financière (entre 50 et 60 dollars par tonne). Mais cette initiative fait face à plusieurs limites : le coût de transport pour collecter des volumes parfois faibles est élevé, tandis que les sociétés partenaires sont obligées d’organiser le stockage du carton. La baisse, enfin, du prix du carton et du papier, à l’automne 2008, avec l’explosion de la crise économique, « ne motive pas beaucoup les candidats potentiels pour participer à un tel projet », souligne Alain Khoury.
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