Quelques groupes de presse libanais se sont lancés dans l'aventure du mobile, rendant leur titre accessible à partir d'un téléphone portable ou d'un iPad.
Time Out Beirut a lancé son application iPhone le 3 juin, téléchargée depuis par plus de 800 personnes, même si officiellement Apple ne vend pas ses iPhones au Liban. « Beyrouth est la quatrième ville du monde à avoir une application Time Out, après Londres, New York et Chicago », affirme Nehmé Abou Zeid, propriétaire d'On Time Publishing (OTP), l'éditeur du titre à Beyrouth. La prochaine version sera également optimisée pour l’iPad et l’iPhone 4. Les applications pour BlackBerry et autres “smartphones” suivront. Tout est développé en interne, sans le concours de la maison mère, par une division de six personnes montée pour l'occasion par OTP. À terme, cette division sera indépendante et offrira des solutions à d’autres éditeurs. « Nous commençons à avoir des demandes en provenance du Golfe », affirme Nehmé Abou Zeid. L’investissement a été de 30 000 dollars environ, dépensés majoritairement en personnel et formation.
Le site Tayyar.org a lancé son interface mobile au début de l'année, accessible gratuitement depuis tous les téléphones portables connectés à Internet. En octobre, c'était au tour de l'application iPhone, et en novembre celle pour BlackBerry. Les applications pour iPad, Nokia et Androïd suivront très prochainement. « Nous avons 10 000 visites par mobile par jour, en provenance majoritairement de France, des États-Unis et du Liban », affirme Patrick Bassil, directeur du site. Le développement des applications et de l’interface mobile a été sous-traité à Eurisko Mobility, une compagnie libanaise et américaine spécialisée dans les applications mobiles créée il y a un an ; l'investissement a été d’un peu moins de 20 000 dollars.
Le quotidien francophone L’Orient-Le Jour a inauguré son interface mobile au début du mois de novembre. En quelques heures, 500 personnes avaient accédé (gratuitement) au site via leur téléphone, selon Nayla de Freige, administrateur délégué du quotidien. Une application iPhone est sur le point d'être lancée. Par ailleurs, L'Orient-Le Jour a orchestré une vaste campagne de promotion de son application iPad, inaugurée lors du Salon du livre francophone le 7 novembre. Que ce soit pour l’interface ou pour l’application iPad, tout le développement a été réalisé en interne, le seul investissement supplémentaire a consisté en un serveur.
Tous ces groupes de presse parient sur la croissance à terme de la publicité sur portables pour rentabiliser au moins une partie de leur investissement. Celle-ci est encore relativement faible dans le monde et quasi inexistante au Liban, mais son potentiel de croissance est remarquable : selon une étude de Gartner, les revenus publicitaires sur mobiles devraient atteindre 12 milliards de dollars en 2011. Si le nombre d'abonnés à des services Internet de mobiles au Liban est encore relativement restreint (217 883 à fin octobre 2010 selon les statistiques du ministère des Télécoms, dont 131 874 abonnés wap, à la connexion limitée), la plupart des sites de presse libanais ont l'avantage de s'adresser également à la vaste communauté expatriée, et donc de pouvoir espérer attirer des annonceurs étrangers.
L’Orient-Le Jour, premier quotidien régional en version iPad
Pour la version iPad, « nous misons sur le fait que le modèle économique du papier numérique pourrait être aussi viable que celui de l’imprimé, explique Nayla de Freige, car il reprend le visuel du papier physique tout en étant doté de multiples fonctions. » L'Orient-Le Jour est le premier quotidien du Moyen-Orient à avoir développé une application spécifique. 200 personnes l’avaient téléchargée gratuitement dès les premières heures de lancement et, en moins de quinze jours, 250 actes d’achats ont été enregistrés. Le lecteur achète le journal au numéro, à 0,99 dollar (1 500 livres), au lieu de 2 000 livres en kiosque au Liban, pour le lire hors ligne au moment où il le veut. L’abonnement annuel coûte 150 dollars. « Apple garde 30 % de la transaction », précise Nayla de Freige.