« Nous n’imposerons pas au citoyen libanais une hausse du prix du pain malgré la hausse des cours du blé », a assuré mardi le ministre sortant de l’Economie. Mohamed Safadi a tenu ses propos à l’issue d’une rencontre avec les syndicats des boulangers et des minotiers, avec qui il a évoqué « l’augmentation des coûts de production à l’ombre de la flambée des prix des matières premières » selon le communiqué du ministère.
Les cours des matières premières sont proches des niveaux records atteints en 2008, date à laquelle le gouvernement avait dû subventionner le pain libanais pour atténuer les effets de l’inflation mondiale sur les Libanais.
En 2010, les prix du blé ont recommencé a augmenter poussant le ministère de l’Economie à relever le prix du pain de 12% en septembre. Mais à la flambée du blé s’ajoute désormais celle du pétrole, ainsi que celle du mais, du soja, du coton….
L’augmentation des prix cette année sera « très prononcée » pour le « pétrole brut, le cuivre, l’or, le blé et les graines de soja », a prévenu lundi le directeur général de l’OMC, Pascal Lamy. La flambée des produits alimentaires constitue une « préoccupation très grande dans le monde», a-t-il ajouté.
Cette situation s’explique par des tensions sur l’offre, dues à des facteurs climatiques, combinée à une reprise économique qui dope la demande mondiale. Le tout aggravé par les mouvements de spéculation.
Pour ce qui est du blé en particulier, les spéculateurs misent actuellement sur une hausse des cours en estimant que les protestations populaires qui ont éclaté en Tunisie, en Jordanie, en Egypte, et au Yémen, vont pousser les Etats à acheter des quantités massives de blé pour constituer des stocks et calmer la rue. Mercredi dernier, par exemple, l’Algérie a acheté 850.000 tonnes de blé pour parer à toute émeute de la faim.
Une prolongation de la crise en Egypte pourrait toutefois calmer les marchés à court terme. Les investisseurs craignent en effet un arrêt des livraisons en Egypte, premier importateur mondial de blé.