L’Autorité de régulation des télécoms (ART) a déclaré mardi que l’opérateur égyptien de satellites, Nilesat, empêche la chaîne libanaise, NBN, d’être diffusée en Libye.

NBN est affiliée au parti Amal fondé par l'imam Moussa Sadr, qui a mystérieusement disparu en 1978 en Libye. L'Etat libanais a toujours accusé le dirigeant libyen, Mouammad Khadafi, d'être à l'orgine de sa disparition. 

Dès le début du soulèvement populaire contre le régime de Tripoli, le 17 février, les chaînes satellitaires libanaises diffusées sur Arabsat ainsi que d’autre chaînes arabes, notamment Al Jazeera, ont été victimes de brouillage provenant de l’intérieur du territoire libyen. L’opérateur arabe basé en Arabie Saoudite, Arabsat, a donc mis à leur disposition de nouvelles fréquences.
 
Deux jours plus tard, le satellite Nilesat est attaqué à son tour, entrainant l’arrêt total de la diffusion des chaînes libanaises en Libye. Comme Arabsat, Nilesat a permis au bouquet libanais d’émettre sur une autre fréquence, à l’exception de NBN, « sur décision de la direction », selon l’ART.
La chaîne de divertissement Al Jaras a alors mis ses fréquences à la disposition de NBN, mais cette initiative a été contrée par Nilesat, qui a à nouveau suspendu la diffusion de NBN, affirme l’ART.
 

Pour permettre quand même aux téléspectateurs en Libye de regarder NBN, les autorités libanaises ont obtenu que la chaîne soit diffusée sur Arabsat, indique l’ART, en soulignant la coopération « sérieuse et constructive » de la direction d’Arabsat, par opposition à celle de la direction de Nilesat « qui a été inférieure au niveau requis ».

Cette affaire a relancé l’intérêt des autorités libanaises pour l’étude de faisabilité de la gestion d’un nouvel opérateur satellitaire à capitaux libanais, a déclaré au Commerce du Levant le ministre des Télécoms Charbel Nahas.
 
« Le projet est à l’étude depuis plusieurs mois : il s’agit d’exploiter éventuellement une orbite qui avait été attribuée au Liban dans les années 1960 permettant l’utilisation de deux satellites géostationnaires. »
Le ministre précise que l’investissement est de plusieurs dizaines de millions de dollars, d’où la nécessité d’étudier la rentabilité du projet, à l’instar de toute « affaire commerciale », les revenus étant assurés par la location de fréquences.
 
L’intérêt du projet réside dans le fait que l’orbite dont bénéficie le Liban a une certaine valeur, en raison de son ancienneté : aujourd’hui les orbites disponibles sont beaucoup plus élevées ce qui accroît le coût de lancement des satellites. Un actif que le Liban pourrait exploiter seul ou en partenariat avec d’autres investisseurs.