Serge Fadel n’est pas agriculteur, mais graphic designer. Un métier qui ne le destinait pas à l’oléiculture. « J’ai toujours été attiré par la culture bio : se faire du bien, en même temps qu’à l’environnement. Alors quand je me suis retrouvé à devoir gérer les quatre hectares de terres familiales l’idée de produire bio m’a paru naturelle. »
Sidonia est la dernière née des huiles d’olive bio libanaises. Sur les 110 000 oléiculteurs que comptent le Liban (l’huile d’olive représentant 15 % de l’ensemble de la valeur de la production agricole, selon le ministère de l’Agriculture), une poignée de précurseurs se sont déjà lancés dans le bio. À titre d’exemple, on peut citer Willani qui propose ainsi une huile extravierge, Hiram, à partir d’olives cultivées dans le nord du Liban ; Zejd, qui commercialise différents produits à base d’olives bio dont des huiles aromatisées issues d’un domaine situé dans le Akkar. Ou encore la marque Rose de Tyr qui distribue l’huile d’olive du domaine d’al-Mansoura à Rechmaya, près de Aley (voir page 54).
Le domaine de Sidonia, situé entre Saïda et Jezzine, dans le village de Barty compte sur la consommation locale pour démarrer son activité : dans un rapport du ministère de l’Agriculture, celle-ci est estimée à quelque 19 200 tonnes en 2010. D’autres agriculteurs du village, également certifiés, se sont associés au projet.
En 2010, première année d’exploitation bio, la récolte a été de sept tonnes, ce qui représente quelque 14 000 litres d’huile d’olive. Le pressoir de Fhaily à Marjeyoun, auquel il recourt, est lui aussi certifié par l’institut IMC. Pour se lancer, Serge Fadel a obtenu un prêt Kafalat de 50 000 dollars, afin notamment d’équiper son atelier, où il réalise l’embouteillage.
« L’une des clés d’une huile d’olive de qualité, c’est la rapidité entre le moment de la récolte et celui du pressage. Les olives ne doivent pas être entreposées après avoir été cueillies. Car le processus d’oxydation commence quelques heures après la cueillette. On a très peu de temps pour transporter les fruits au moulin et en extraire l’huile. »
Trois ans après les premières demandes d’homologation, voici donc Sidonia, une huile d’olive bio, triplement certifiée par l’IMC (terre, pressoir, atelier), délicieusement fruitée et aromatique avec une belle acidité en bouche.
« J’ai tenu compte des spécificités du public libanais qui aime voir la couleur de l’huile. Mes bouteilles sont donc transparentes. Mais pour mieux conserver l’huile, qui, elle, n’aime pas la lumière, j’ai aussi pensé à réaliser un emballage opaque qui protège de l’oxydation. »
Serge Fadel démarre à peine : pour l’heure, il a écoulé quelque 3 000 litres. Ce qui représente un chiffre d’affaires encore faible, moins de 30 000 dollars. Mais il espère être en mesure de réaliser des bénéfices dès la fin de sa première année d’exercice. Il escompte aussi développer son réseau de distribution au Liban et commence à prospecter des distributeurs à l’étranger. « Pour l’heure toutefois, ce ne sont que des pistes. » Serge Fadel projette aussi de se lancer dans la fabrication de nouveaux produits bio. Dès le printemps, il proposera à la vente une terrine de tapenade, spécialité provençale à base d’olive et de câpres, ainsi que des savons bio fabriqués à partir des résidus de sa production que l’on devrait trouver dans les magasins spécialisés.
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