Le député du Courant du Futur, Ghazi Youssef, a défendu mardi la gestion des finances publiques sous l’ère Hariri, tout en accusant le général Michel Aoun d’avoir volé l’argent des contribuables lorsqu’il était Premier ministre.

La gestion des comptes de l’Etat depuis la fin de la guerre civile et l’arrivée au pouvoir de Rafic Hariri, fait l’objet de critiques acerbes de la part du bloc du changement de la réforme, mené par le général Aoun. Le président de la commission parlementaire des Finances et du Budget, le député aouniste Ibrahim Kenaan, en a fait son cheval de bataille, mettant en avant les irrégularités commises depuis 1993.
 
Dans une conférence de presse tenue mardi, le député du courant du futur, Ghazi Youssef, a donc voulu laver l’honneur du ministère des Finances, et décrédibiliser le camp adverse.
Il a commencé par rappelé que lors de l’arrivée au pouvoir de Rafic Hariri en 1993, tous les bâtiments relavant du ministère des Finances, comme d’autres bâtiments publics, avaient été entièrement détruits et pillés, suite « à la guerre de libération menée par le général Aoun ».
 
Selon lui, tous les documents officiels avaient disparus  y compris des documents prouvant que le général avait chargé des militaires de collecter les taxes et les impôts  dus par les habitants de la région en liquide. L’argent du contribuable était quotidiennement  transféré sur le compte personnel du général Aoun à la branche de Hazmieh de la banque BLC, alors qu’il aurait dû être déposé sur le compte du Trésor à la BDL. « Une partie de cet argent a ensuite été transférée à l’étranger, pour préparer la fuite du général », a-t-il affirmé.
 
Ces pratiques ont fait l’objet d’une plainte déposée par le parquet pour détournement de fonds publics, et le ministre des Finances de l’époque Ali Khalil avait demandé le gel des avoirs de Michel Aoun au Liban et à l’étranger. A son retour, en 2005, le général a fait ce qu’il fallait pour que cette plainte soit retirée, en reniant les principes souverainistes qu’il avait défendu pendant 15 ans, a déclaré le député.
La disparition des documents du ministère des Finances est la source du problème soulevé par Ibrahim Kenaan au niveau des comptes de missions,  a-t-il poursuivit.
 
Les comptes de mission, qui servent à élaborer les lois de règlements,  n’ont pas été approuvés par la cour des comptes depuis 1993 en raison d’irrégularités comptables dues au bilan d’ouverture de l’année 1993. Ce bilan doit en principe correspondre au bilan de clôture de l’exercice précédent. Or tous les justificatifs comptables relatifs à l’année 1992 avaient disparus.
 
Pour ne pas bloquer du travail de l’administration, le ministère des Finances a élaboré les comptes de mission jusqu'en 2001, malgré les réserves de la Cour des comptes, tout en instaurant une loi permettant à la cour des comptes de les auditer ultérieurement.
 
Pour régler définitivement le problème, le ministère a proposé un mécanisme de résolution dans le projet de budget 2005, voté au Parlement en 2006, mais il n’a jamais été mis en œuvre en raison  des événements politiques qui ont secoué le pays, et des vacances à la Cour des comptes, notamment au niveau de la présidence, a expliqué Ghazi Youssef.
 
Quant aux lois de règlements, la dernière date de 2003, votée avec le budget 2005, car il n’y a pas eu de budget voté depuis. « Celui qui a fermé le parlement pendant des mois, et ceux qui continuent de bloquer le projet de budget 2010 portent la responsabilité de ce retard, et non le ministère des Finances », a-t-il affirmé.
 
Ghazi Youssef a ensuite évoqué l’affaire des 11 milliards de dollars dépensés hors budget entre 2006 et 2009. Il a rappelé la règle du 12ème provisoire qui permet à  l’Etat, en l’absence de budget, de dépenser annuellement l’équivalent du  dernier budget voté. Celui de 2005, prévoyait des dépenses de  10.000 milliards de livres (6,6 milliards de dollars).
Théoriquement, l’Etat aurait donc dû dépenser cinq fois cette somme entre 2006 et 2010, mais en réalité il a dépensé 73.637 milliards de livres (48,8 milliards de dollars), soit environ 15,75 milliards de dollars en plus.
Ghazi Youssef a expliqué que cet argent a été dépensé pour couvrir les frais croissants de l’EDL et du service de la dette, ainsi que la hausse des salaires des fonctionnaires  et les dépenses liées à la guerre de juillet.
 
Si les dépenses ont tellement augmenté c’est aussi à cause de la frénésie dépensière du camp du 8 mars, a-t-il ajouté. Il a souligné que lorsque  l’opposition a participé au gouvernement,  en 2009 et 2010, les dépassements de budget ont été de l’ordre de 9,5 milliards de dollars, alors qu’il n’ont été que de 6,3 milliards de dollars entre 2006 et 2008, sous le gouvernement Siniora, et ce malgré la guerre de juillet.  
 
Ghazi Youssef a ensuite balayé les critiques relatives à la politique menée en  2010 qui consistait à émettre des bons du trésor et des certificats de dépôts de la BDL pour absorber les liquidités en livres, générant un excédent de trésorerie de 10.000 milliards de livre à un coût élevé.  Il a affirmé que cet excédent a permis au Liban de faire face à ses échéances dans un contexte mondial difficile et qu’il n’est aujourd’hui que de 1200 milliards de livres.
 
Le député a enfin détaillé les réalisations et les réformes menées par le ministère des Finances depuis 1993, soulignant qu’il a été la première administration libanaise à recevoir un prix de l’Organisation des Nations unis en 2007, et que son  sérieux et son efficacité sont reconnus par toutes les organisations internationales.