Les comptes externes du pays se sont dégradés en 2010 sous l’effet d’un ralentissement des entrées de capitaux combiné à l’élargissement du déficit commercial.
Selon le FMI, la balance courante a affiché un déficit de 4,4 milliards de dollars l’année dernière, soit 11,3 % du PIB, contre 3,3 milliards de dollars, et 9,7 % du PIB en 2009.
En cause : la baisse des flux financiers vers le Liban. Les entrées nets de capitaux ont reculé de 17,5 % par rapport à 2009, année où le secteur bancaire libanais avait profité de la débâcle financière mondiale. Ils se sont tout de même élevés à 17,036 milliards de dollars.
« Le redressement économique mondiale a permis à d’autres pays d’attirer les flux financiers, ce qui a contribué à réduire, dans une certaine mesure, les flux à destination du Liban », explique la Bank Audi.
Les investissements directs étrangers (IDE), qui incluent les placements immobiliers, ont également reculé de 3,2 % en rythme annuel. Selon la Banque mondiale, ils se sont élevés à 4,65 milliards de dollars en 2010, soit 11,9 % du PIB, contre 4,8 milliards en 2009.
Ce recul s’inscrit toutefois dans un mouvement global. Les IDE dans la région ont en effet baissé de 12 % l’année dernière, alors que la part libanaise des IDE dans les pays MENA est passée de 15 % en 2009 à 16,4 %.
Les transferts des touristes en revanche ont augmenté, comme en témoigne la hausse de 21 % des dépenses détaxées, tout comme ceux des expatriés. Ces derniers ont atteint 8,177 milliards de dollars, en hausse de 8,2 % en rythme annuel.
Creusement du déficit commercial
Ces entrées de capitaux ont permis de couvrir le déficit commercial du pays et de dégager un excédent de la balance des paiements de 3,3 milliards de dollars. Cet excédent a toutefois baissé de 58 % sur un an, tandis que le ratio des entrées nettes de capitaux sur le déficit commercial a reculé de 161,8 % à 124,3 % en 2010.
Le déficit commercial, lui, s’est creusé de 7,5 %, sous le poids des importations qui ont augmenté de 10,6 %. Et ce malgré une nette hausse des exportations (22,1 % sur un an).
Dopées par la demande interne, mais aussi par le regain des prix des matières premières, les importations ont atteint 17,964 milliards de dollars, dont 21,2 % de produits minéraux (notamment pétroliers).
Du côté des exportations, les entreprises libanaises ont bénéficié de la reprise mondiale, notamment dans les pays de la région.
Les exportations vers l’Égypte ou les Émirats arabes unis par exemple ont bondi de 169 %, et 26 % respectivement. De même, les exportations vers la France ont doublé, tandis que celles destinées à l’Espagne et à l’Allemagne ont augmenté de 81 % et 61 %.
Les accords commerciaux signés avec un certain nombre de pays, comme la Jordanie, le Qatar et l’Iran, mais surtout la Turquie ont également joué un rôle. Les exportations vers la Turquie ont progressé de 120 %.
Cela a permis d’améliorer le taux de couverture des importations par les exportations, qui est passé de 21,5 % en 2009 à 23,7 % en 2010.
Ce ratio risque toutefois de se dégrader en 2011, en raison d’une forte hausse des prix des matières premières, combinée aux troubles actuels dans les pays arabes.
Sur les deux premiers mois de l’année, les exportations ont reculé de 8,2 % tandis que les importations ont augmenté de 20,2 % en glissement annuel. Résultat, le déficit s’est creusé de 30,6 % sur un an.
Quant à la balance des paiements, elle a enregistré un déficit de 772,1 millions de dollars en janvier, un nombre en hausse de 162 % par rapport à janvier 2010.