«L’idée qui prévaut est que nous devons nous débarrasser du déficit, que si nous le faisons, l’économie sera assainie. Ce n’est évidemment pas correct. En ce moment, réduire le déficit affaiblira l’économie. L’austérité n’est pas une solution. Elle aggravera nos problèmes. La solution, c’est de remettre le pays au travail. Cela nécessitera davantage de dépenses et une augmentation du déficit. »
Qui donc tient ces propos à contre-courant ? Rien moins que le prix Nobel Joseph Stiglitz. L’économiste américain critique ici vertement les « remèdes » administrés aux États-Unis et en Europe pour tenter de trouver des solutions à la grave crise qu’ils traversent. Il ne s’est jamais penché bien évidemment sur la crise libanaise dont l’impact sur la planète est quasi nul. Mais a contrario le Liban a tout le loisir d’écouter et d’observer comment d’autres que lui s’attaquent à une crise dont les données sont souvent semblables à la sienne, à une autre échelle, pour s’en inspirer.
Que dit Stiglitz ? « Pour le moment, nous sommes en train de couper les dépenses publiques aux États-Unis. Ce faisant, le gouvernement est en fait en train de contribuer au problème du chômage plutôt que de compenser les faiblesses du secteur privé. Nous avons besoin d’énormes efforts d’investissements en infrastructure, en technologie et en éducation. »
Les raccourcis et les comparaisons hâtives ne font bien entendu pas des politiques. Cependant, à l’heure où le gouvernement libanais s’apprête à discuter du projet de budget pour 2012, il serait peut-être intéressant de faire le bilan des dernières années, et de celui de l’objectif prioritaire de la réduction du déficit. Il faut certainement rationaliser cette dépense, réduire le gaspillage et la corruption, le clientélisme… mais faut-il vraiment chercher à dégager à tout prix des excédents primaires ?