Sur les hauteurs du village de Beit Mery, dans le Metn, une villa privée fonctionne désormais à l’énergie renouvelable propre et vend le surplus du courant produit à l’Etat.
Si cette pratique commence à se répandre en Europe, elle constitue une première au Liban et au Moyen-Orient.
« Nous avons installé 180 m2 de panneaux photovoltaïques pour produire notre propre électricité », affirme Johnny Mecattaf, propriétaire des lieux, qui refuse toutefois de dévoiler le montant de l’investissement. Il faut en général compter en moyenne 20 000 dollars d’investissement pour produire 10 ampères.
Cette installation alimente une maison de 1.000 m2 et un jardin de 10.000 m2. « Depuis mars 2009 nous n’avons ni recours à l’électricité de l’Etat ni à des générateurs », précise Mecattaf.
Utilisés depuis les années 1960, les panneaux solaires photovoltaïques sont composés de cellules photovoltaïques et de semi-conducteurs qui permettent de transformer l’énergie solaire en énergie électrique. Ils sont différents des panneaux solaires qui convertissent l’énergie solaire en chaleur afin de chauffer l’eau.
« Nous produisons entre 100 et 130 KW/h d’électricité par jour, la production variant en fonction des journées d'ensoleillement, soit près de 40 MW/h sur toute l’année. C’est davantage que nos besoins qui se situent entre 32 et 33 MW/h par an, ce qui nous a amenés à proposer d’injecter notre surplus sur le réseau d’Electricité du Liban (EDL). »
Le ministre de l’Energie et des Ressources hydrauliques, Gebran Bassil, a inauguré le lancement de cette nouvelle connexion rendue possible grâce au projet baptisé Net Meetering qui permet d’acheter à tous les particuliers qui produisent de l’énergie renouvelable leur surplus d’électricité qui sera ainsi réinjecté dans le réseau.
Ce projet fait partie du plan pour l’électricité adopté par le gouvernement en juin 2010.
Bassil a expliqué que ce projet permet aux usagers de réaliser des économies substantielles sur leur facture d’électricité, conseillant aux habitants des montagnes et aux écoles, hôpitaux, usines et grandes compagnies d’avoir recours au photovoltaïque.
Pour Kamal Hayek, PDG de l’EDL, ce projet permet non seulement de palier aux carences de l’EDL mais aussi de protéger l’environnement.
La durée de vie des panneaux photovoltaïques et des invertisseurs est de 25 ans, mais l’investissement devrait être amorti en 12 ans, grâce au niveau élevé d’ensoleillement dont bénéficie le Liban : 310 jours par an. Les batteries permettent d’emmagasiner l’électricité pour la nuit et les périodes sans soleil. Mecattaf précise que pour les 15 années restantes l’électricité produite sera entièrement gratuite.
La technologie photovoltaïque demeure toutefois onéreuse. Dans les pays européens, l’Etat finance une partie de l’installation de panneaux photovoltaïques qui peuvent bénéficier, comme toute énergie renouvelable, d’un crédit à taux d’intérêt nul.
Au Liban, certains banques proposent des prêts subventionnés par la Banque du Liban (BDL) sans taux d’intérêt pour encourager les énergies renouvelables.
Au-delà de son aspect économique, ce projet permet aussi d’éviter l’émission de 45 tonnes de CO2 par an, soit 135 tonnes depuis 2009 pour l’énergie produite, souligne Mecattaf.