L’économie libanaise a connu un ralentissement notable en 2011 mais semble avoir évité une récession ou une contraction nette de son secteur réel, a indiqué Bank Audi dans son bulletin annuel.

En fait, les troubles régionaux continuent d’affecter la confiance des investisseurs privés, lesquels adoptent une attitude d’attente et reportent ainsi leurs décisions d’investissements majeurs, alors que la consommation des ménages a maintenu une croissance saine à deux chiffres en dépit des incertitudes politiques.

Cependant, les conditions économiques du second semestre de 2011 se sont avérées relativement plus favorables que celles du premier. Il semble qu’après avoir connu une stagnation au premier semestre, l’économie libanaise ait enregistré une croissance modérée au cours du second suite à la formation du cabinet et au renouvellement du mandat du gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé, comme le reflètent la plupart des indicateurs du secteur réel.

Parmi ces derniers, le plus exhaustif est sans doute l’indicateur synthétique de la BDL qui avait à peine progressé de 1,7% au premier semestre de 2011 avant d’enregistrer une croissance de 3,3% au cours de la seconde moitié de l’année.

L’analyse des indicateurs individuels du secteur réel confirme la divergence de croissance économique entre les premier et second semestres de 2011. Le volume des marchandises au port de Beyrouth, qui avait diminué de 1,3% au premier semestre, a progressé de 7,9% au cours du second semestre.

De même, la valeur des ventes immobilières a augmenté de 4,7% au second semestre, après avoir diminué de 18,3% au premier. Les livraisons de ciment ont affiché des taux de croissance de 2,9% et 9,4% respectivement au cours des premier et second semestres. La valeur des chèques compensés, reflétant les dépenses de consommation et d’investissement privées, a stagné au cours de la première moitié de 2011, avant de progresser de 13,7% au second semestre.

Seul le nombre de touristes a enregistré une contraction considérable au cours des deux moitiés de l’année 2011 (-19,7 et -26,8% respectivement), étant donné qu’une part notable des visiteurs arabes entrant au Liban par voie terrestre ne sont pas venus cette année en raison de la situation sécuritaire en Syrie.

Au niveau du secteur externe, la croissance des importations de 12%, combinée à la stagnation des exportations dans un contexte de troubles dans un nombre de pays voisins destinataires de produits libanais, a entraîné une progression notable du déficit commercial qui a atteint environ 16 milliards de dollars en 2011, dépassant pour la première fois en dix ans les flux financiers à l’entrée.

Ceci s’ajoute à une régression des flux financiers à l’entrée de 18,4% dans un contexte d’incertitudes locales et régionales pour conduire à un déficit de la balance des paiements de 2 milliards de dollars en 2011, soit le premier déficit depuis 2002.

Par ailleurs, la décélération des flux financiers à l’entrée a pesé sur la croissance de l’activité bancaire, les dépôts de la clientèle enregistrant une progression de 8,5 milliards de dollars en 2011, contre une croissance de 11,4 milliards de dollars en 2010. La croissance de l’activité bancaire en devises a toutefois été plus importante que celle enregistrée au cours de 2010, sachant que les devises constituent le gros des crédits bancaires octroyés à l’économie locale, ces derniers ayant augmenté de 4,4 milliards de dollars en 2011.

Dans un environnement local et régional atypique, Bank Audi prévoit ainsi une année 2012 qui tendrait à se rapprocher de ce que l’économie libanaise a connu au second semestre de 2011, tout en émettant l’hypothèse qu’aucune dérive majeure ne survienne dans les pays voisins. Sur cette base, l’institution prévoit une croissance entre 3 et 4% en 2012, favorisée principalement par la consommation des ménages qui fait preuve de résilience dans le contexte actuel. En ce qui concerne l’inflation, la banque prévoit une augmentation de 2% relativement à 2011, suite au réajustement des salaires dans les secteurs privé et public, pour atteindre un taux d’environ 8% cette année.