Le PIB réel du Liban n’a augmenté que de 2 % en 2011, après une hausse de 8 % l’année précédente. En fait, la récession a été évitée grâce à un regain d’activité au second semestre qui a compensé la chute enregistrée au premier semestre. Il s’agit cependant d’un ralentissement par rapport à la moyenne des quatre dernières années. Ce ralentissement est dû à deux facteurs. Le premier est un facteur cyclique. Après trois années de croissance de 7 % en moyenne, un ralentissement s’inscrit dans le cycle classique des affaires. Le phénomène est en particulier notable dans le secteur de l’immobilier, l’un des moteurs de l’activité libanaise, qui s’est essoufflé après des années à plein régime. Les livraisons de ciment, qui est un indicateur de l’activité dans ce secteur, ont baissé de 6 % au premier trimestre. Sur l’ensemble de l’année, elles ont augmenté de 6,2 %, contre une hausse de 6,7 % en 2010.
Ce facteur cyclique a été renforcé par la donne régionale. L’impact des “révolutions arabes” est surtout visible au premier trimestre 2011 au cours duquel la croissance, en glissement annuel, a été négative selon l’indicateur synthétique de la BDL. En moyenne, il a diminué de 0,5 % au premier trimestre en rythme annuel. Les turbulences régionales ont notamment perturbé les flux de tourisme, l’un des principaux soutiens de la consommation. Le facteur lié à la crise gouvernementale de janvier-février s’y est également ajouté, mais n’a pas duré longtemps.
Plusieurs indicateurs reflètent cette évolution en deux temps au cours de l’année. Du côté de la demande, on note une baisse sérieuse de l’arrivée des passagers au premier trimestre : -4,4 %. Sur l’ensemble de l’année, l’indicateur est en hausse de 2 %, ce qui est un ralentissement par rapport aux +10,7 % de 2010.
Les importations ont augmenté de 12 % en 2011 au lieu de +11 % en 2010. La baisse est légère, car ce chiffre est exprimé en valeur, et non pas en volume : il reflète l’effet prix du pétrole et témoigne de la permanence d’une forte contrainte inflationniste.
L’inflation est plus élevée en 2011 qu’en 2010 : à 5,5 % au lieu de 5, selon la Banque mondiale. Cette inflation est largement importée, car elle intervient malgré le ralentissement de l’activité économique et de certains facteurs de la demande agrégée.
Les exportations n’ont, quant à elles, augmenté que de 0,3 % en 2011 contre 22 % en 2010, reflétant la baisse de la demande régionale. Au premier trimestre, elles ont même enregistré une baisse de 7,2 %.
Autre composante de la demande, les chèques compensés sont en hausse de 10 % contre +19 % en 2010 en nominal. Au premier trimestre, la baisse était de 2,6 %.
La dynamique du crédit bancaire, qui est aussi un élément de la demande, ainsi qu’un élément de l’offre sur le long terme, est intéressante à observer : la hausse est de 13 % en 2011, contre +25 % en 2010. Elle explique en partie le ralentissement d’une année sur l’autre, mais témoigne toutefois d’une hausse importante de la demande : corrigée de l’inflation, la hausse est de 7-8 %. La question est de savoir que financent ces crédits : ils stimulent certes la demande à court terme, mais pour savoir s’ils ont un impact à long terme il faudrait connaître leur allocation.