L’agence de notation américaine Standard & Poor’s (S&P) a maintenu ses prévisions de croissance pour le Liban à 3% en 2012 contre une estimation de 1,7% en 2011.

Selon S&P, l’activité économique libanaise tend à être soutenue par la croissance régionale, principalement celle des pays du Golfe, permettant une certaine stabilité financière par des entrées de capitaux au Liban, ces derniers étant largement dédiés à la consommation locale.

L’agence de notation a en outre indiqué que les propositions d’investissements publics de la part du gouvernement participeraient également au soutien de la croissance.

Cependant, d’après S&P, il est peu probable que ces derniers se concrétisent dans le contexte politique actuel, étant donné la faiblesse de la gestion budgétaire libanaise.

S&P a par ailleurs souligné que les divisions actuelles au sein du cabinet pourraient faire obstacle aux prises de décision politiques et budgétaires. L’agence a ainsi insisté sur l’impossibilité pour le gouvernement de mettre en place les réformes, qui sont pourtant la clé de la croissance économique en raison de la situation sécuritaire et de l’instabilité politique grandissante.

L'agence a indiqué que la crise syrienne avait lourdement pesé sur l’économie libanaise ces quinze derniers mois, affectant des secteurs moteurs comme le tourisme, les services financiers et la construction qui, ensemble, ont représenté plus de 50% du PIB entre 2007 et 2010. Par ailleurs, selon l’agence de notation, le Liban n’a pas su tirer profit des événements régionaux qui ont secoué le pays en 2011 et 2012, le Liban n’ayant pas attiré les touristes qui ont déserté les pays arabes secoués par les crises.

Standard & Poor’s a estimé que la mise en place de réformes structurelles par le gouvernement est la condition sine qua non d’une croissance durable, permettant d’accroître la compétitivité du pays, de développer le secteur privé et d’améliorer la stabilité budgétaire.

En parallèle, l’agence de notation a indiqué que le pays du Cèdre continuait d’afficher une certaine résilience aux risques externes. Selon S&P, les réserves en devises étrangères (à l’exclusion de l’or) ont atteint un record historique de 31 milliards de dollars en 2011. Avec les transferts d’émigrés, les Investissements directs étrangers (IDE) et les dépôts en devises étrangères, cela contribuerait à amortir le déficit commercial du pays, selon S&P.

Toujours selon les mêmes sources, les transferts d’émigrés nets ont représenté en moyenne annuelle 8% du PIB entre 2007 et 2010, tandis que les IDE ont constitué en moyenne 13% du PIB par an sur la même période. Des indicateurs qui, selon S&P, sont « sous-estimés par la Banque du Liban (BDL) du fait de la difficulté à identifier les flux résidents des non-résidents ».

L’agence a indiqué que les Libanais expatriés sont effectivement souvent classés comme « résidents ». Ainsi, les écarts entre la balance des paiements libanaise et ses investissements à l’étranger rendrait difficile l’analyse de la position du Liban à l’étranger. Selon le rapport, la balance des paiements libanaise est caractérisée par d’importants déficits, ce qui reflète la dépendance énergétique du pays quant à ses importations. S&P a prévu le déficit des comptes courants à 25% du PIB en 2012 contre 23,1% du PIB en 2011.

S&P a cependant prévu que ce dernier diminuera pour atteindre les 19,4% du PIB d’ici à 2015, du fait des revenus issus des services qui devraient s’améliorer dès 2013.