Success stories libano-arméniennes
Dans les années 1950, Hatco distribuait des équipements européens pour les garages automobiles. À cause de la guerre, l’entreprise entame une profonde mutation qui l’entraîne à fabriquer elle-même les masses d’équilibrage et les produits utilisés pour réparer les pneus. Aujourd’hui, Hatco exporte presque 100 % de sa production dans le monde entier et s’avère l’un des leaders mondiaux sur son segment de marché.
Khatchig Hagopian s’intéresse aux pneus depuis bien avant qu’ils ne servent aux Libanais à manifester leur colère. Dans les années 1950, le fondateur de Hatco (Hagopian Trading Company) a choisi d’accompagner le développement du parc automobile en devenant le représentant de marques européennes équipant les garages automobiles du Levant. « Mon père faisait venir d’Europe des ponts élévateurs et tout le matériel nécessaire à un garage », se souvient Hagop Hagopian, directeur commercial de Hatco, qu’il dirige avec son frère Chant, responsable, lui, de la production. Son père, Khatchig, continue de superviser le devenir de l’entreprise. « Nous importions des marques en provenance surtout d’Allemagne, mais aussi d’Italie et de Grande-Bretagne. » Hatco commercialise en particulier des marques de masses d’équilibrage, ces barres de fer indispensables, qui assurent une répartition homogène des masses de la voiture.
Marque mondiale
Aujourd’hui, la situation s’est presque entièrement renversée : Hatco ne représente plus aucune marque étrangère. L’entreprise est au contraire devenue une référence mondiale sur le marché de l’équipement automobile : elle s’exporte dans le monde entier, concurrençant même les entreprises que ce groupe libanais avait représenté à ses débuts. « Nous avons désormais deux spécialités : la fabrication de masses d’équilibrage ainsi que les produits et les accessoires nécessaires à la réparation des pneus. Nous exportons aujourd’hui 99,9 % de notre production », déclare Hagop Hagopian, qui toutefois refuse de donner un chiffre d’affaires précis. Hatco exporte dans près de 90 pays. « Nous ne sommes pas présents partout : nos efforts récents ont porté sur le continent asiatique. En peu de temps, nous avons réussi une assez belle percée sur le marché japonais, à Taïwan ou même en Chine. » Selon les régions, la part de marché de Hatco varie : elle est ainsi n° 2 avec 15 à 20 % de parts de marché en Europe ; n° 1 à Taïwan avec 5 % de parts de marché. Ce qui distingue Hatco des autres entreprises de ce secteur ? Aux dires de Hagop Hagopian, la diversité du catalogue qui compte entre 200 à 300 produits (même si certains se distinguent des uns des autres seulement par la taille). « La plupart de nos concurrents sont des entreprises ultraspécialisées. Notre force, c’est la diversité : nous offrons à nos clients l’ensemble de la gamme. »
6 000 m2 à Dora
Passer de la représentation commerciale à la fabrication industrielle, le choix est peu courant au Liban. Ce qui va déterminer cette mutation ? La guerre de 1975. Beyrouth assiégée, le port fermé… La guerre met un frein à l’activité d’agent exclusif de Hatco. « Mon père a alors décidé de se lancer dans la fabrication de certains des produits, que nous importions précédemment, en particulier les masses d’équilibrage. » En 1986, Hatco construit une usine de 6 000 m2 à Dora, sur la route du front de mer et démarre aussitôt la fabrication de ces pièces d’acier. « On est toujours parvenu d’une façon ou d’une autre à exporter notre production. Même en 2006, quand les Israéliens nous ont attaqués, la production est sortie en temps et en heure. » Aujourd’hui, 120 salariés se relaient sur le site pour produire bon an mal an quelque 150 millions de pièces (masses d’équilibrage). En parallèle, Hatco développe des produits pour la réparation de pneus comme les rustines ou les valves. « L’élaboration de nos produits repose sur un procédé complexe, qu’on appelle vulcanisation. » Ce procédé consiste à incorporer du soufre au caoutchouc pour en améliorer la résistance, tout en conservant son élasticité.
Les dix dernières années ont été marquées par le passage de relais entre le fondateur et la jeune génération. « Mon père a construit l’usine et ouvert le chemin. Nos efforts, à mon frère et moi, ont porté sur la construction et la reconnaissance de la marque. Aujourd’hui, un garagiste sait qu’en achetant Hatco, il achète une certaine qualité de fabrication. Nous sommes légèrement plus chers que certains de nos concurrents, mais l’assurance qualitative est là. Or, pour tout ce qui touche à la réparation des pneus, la sécurité est l’argument décisif. »
Hatco en bref 1955 : fondation de Hatco. 1986 : construction du site de production de Dora. 1996 : Hagop Hagopian entre dans l’entreprise. 1998 : Hatco pénètre le marché japonais. 2003 : début de la production de pneu. |
Hatco aujourd’hui Chiffre d’affaires : non communiqué. Fondateur : Khatchig Hagopian. Directeurs généraux : Hagog Hagopian et Chant Hagopian. Nombre d’employés : 120 Nombre de pièces vendues : 150 millions en 2011. |