Ce couple d’entrepreneurs a réussi en moins de deux décennies à faire des Délices d’Orient, l’épicerie orientale qu’ils ont ouverte dans la capitale française, une adresse incontournable pour les Libanais qui y résident.
Les bénéfices sont rapidement réinvestis pour diversifier la gamme et répondre à la demande. En 12 ans, le couple rachète ainsi successivement cinq locaux adjacents à l’épicerie, multipliant par dix la surface du magasin et le nombre d’employés. Une croissance rapide qui a entraîné une nette diversification de la clientèle, de ses habitudes de consommation et, par conséquent, des produits commercialisés. Alors que les Libanais représentaient 80 % de la clientèle des débuts, six clients sur dix sont désormais des Français : « (Ils) viennent surtout pour le rayon traiteur (tandis que) les Libanais, plus réguliers, achètent davantage de fruits, de légumes et de produits en conserve. Enfin, on a une petite clientèle orientale de prestige à laquelle il faut pouvoir fournir de tout : du hommos bien sûr, mais aussi des nems ou du guacamole… » Du coup, si les produits commercialisés sont encore à 70 % d’origine libanaise, l’enseigne fait également appel à des fournisseurs japonais, chinois ou arméniens, et s’approvisionne régulièrement au grand marché de Rungis.
Résultat : dans une période difficile pour le secteur de la distribution, leur petite entreprise ne connaît pas la crise : le ticket de caisse moyen avoisine toujours les 100 euros et le chiffre d’affaires annuel de l’enseigne atteint désormais quatre millions d’euros. Fort de ce succès, le couple a également investi dans des activités périphériques : un restaurant libanais (revendu depuis), un laboratoire fabriquant les pâtisseries et des plats commercialisés au rayon traiteur, et enfin une boucherie halal vendant notamment des préparations carnées à la libanaise.
À ceux de ses compatriotes qui, inspirés par cette réussite, souhaiteraient investir en France, Claire el-Hawly, ambassadrice à sa manière du Made in Lebanon, conseille : « La clé du succès, c’est de comprendre les différences de mentalité (et l’importance du) respect des règles (...). Mais pas d’inquiétude : s’il y a un peuple qui sait s’adapter, c’est bien les Libanais ! »