La prorogation du Parlement semble acquise, aussi inconstitutionnelle soit-elle. Au point où on en est, le Liban des arrangements juridiques qui valident des agendas politiciens, qui se soucie de l’inflation ? Certainement pas le gouvernement qui a décidé de ne plus la mesurer depuis le début de cette année. Tout simplement ! L’Administration centrale de la statistique (ACS), placée directement sous l’autorité de la présidence du Conseil, n’a pas reçu l’autorisation de procéder aux enquêtes mensuelles confiées à une équipe d’une trentaine de prestataires de services. Ces personnes au statut juridique bâtard collectent tous les mois les prix de quelque 69 000 biens et services dans 1 700 points de vente sur tout le territoire libanais pour produire un indice général des prix. Cet indicateur est crucial. Sa production est considérée comme une obligation par le Fonds monétaire international. Il sert de référence pour quantités de contrats, les loyers, et tout particulièrement la fixation des salaires, mais aussi à l’évaluation du PIB réel. Des broutilles n’est-ce pas ? Pendant la guerre, la mesure de l’inflation était si importante qu’un institut privé* s’en est chargé. Au moment de la reconstruction, il a fallu des années avant que le gouvernement se décide à produire des statistiques nationales. L’ACS a été remise sur pied, avec cependant tous les défauts liés au mode clientéliste et confessionnel de la gestion des administrations publiques. Une grossière erreur liée à la comptabilisation des prix de l’immobilier a par exemple largement gonflé l’inflation pour l’année 2012 (voir Le Commerce du Levant de mai 2013). L’ambition officielle du gouvernement est aujourd’hui d’y engager une réforme en profondeur afin qu’elle assume pleinement son rôle et se charge, entre autres, de la publication des comptes nationaux. Et ce serait en raison de divergences sur la mise en œuvre de ces réformes structurelles que les enquêtes ont été suspendues. On croit rêver !

(*) Le Consultation and Research Institute de Kamal Hamdan.