Zakhia Daccache exploite sept serres dans la région de Byblos. Reconnu pour la qualité de ses légumes et de ses fruits, cet agriculteur dénonce les conditions de développement d’une filière, en mal d’appuis.

Zakhia Daccache n’a pas la langue dans sa poche pour dénoncer les dérives de l’agriculture. Une manière pour lui de la défendre bec et ongles : « L’agriculture au Liban ? Qu’en espérer quand ce secteur doit jongler avec un manque de financement criant, lui qui reçoit moins de 1 % du budget national ? »
Les subventions, voilà son cheval de bataille : « Je consacre davantage de terre aux vergers qu’aux serres désormais. Les légumes, produits sous serre, en provenance de Syrie ou de Jordanie, inondent le marché libanais et cassent les prix. Nous sommes 30 à 40 % plus cher à qualité égale. » Pourtant, au début, dans les années 1970, lorsqu’il s’est lancé, les serres représentaient une technique de pointe dans la région « avec un fort bénéfice ». Depuis lors, elles se sont banalisées dans les pays voisins, ont été plantées sur d’immenses échelles et profitent, en plus, de subventions étatiques. « Nous, nos seules “subventions” sont une “aide en nature”, des traitements phytosanitaires la plupart du temps obsolètes, de piètre qualité ou inappropriés. »
Autre point faible que Zakhia Daccache dénonce : le réseau de distribution. « Nous vendons aux marchés de gros », des structures incapables de proposer un tri qualitatif. La preuve ? L’an passé, avec d’autres agriculteurs de Byblos, Zakhia Daccache a produit des légumes et des fruits bio sous serre. « On a pollinisé par exemple grâce à des abeilles spécialement introduites dans les serres à cet effet. Cela a été une vraie réussite, mais nous n’avons pas trouvé de débouchés. » L’Europe se serait montrée intéressée, mais faute d’un agrément spécifique, cette production bio a fini au marché de gros local, mélangée aux productions lambdas. Recommenceront-ils ? Zakhia Daccache n’a pas le profil d’un homme qui renonce.
La filière selon le Creal
Cultures sous serre : une agriculture industrielle
Cultures sous serre : une agriculture industrielle
Le Liban bénéficie de quatre saisons marquées et de climats différents du fait de l’altitude, ce qui lui offre une variété impressionnante de cultures. À partir de 1963, ce sont aussi développées les cultures sous serre. Aujourd’hui, selon les chiffres du Creal, publiés dans Le Commerce du Levant, en septembre dernier, elles représentent 107,3 millions de dollars en 2012, en hausse de
32 % par rapport à 2011. Ce qui les place presque à égalité avec la production de légumes de plein champ (121,4 millions de dollars en 2012). La culture sous abri permet de mieux contrôler les conditions de production et d’obtenir de meilleurs rendements tout au long de l’année. Elles peuvent, comme ici, concerner les cultures maraîchères, mais aussi certains arbres fruitiers ou l’horticulture. Mais les pratiques culturales associées ne garantissent pas toujours la sûreté alimentaire, en particulier en ce qui concerne la mauvaise utilisation d’intrants (engrais, pesticides, hormones) qui peuvent nuire à la santé humaine.
32 % par rapport à 2011. Ce qui les place presque à égalité avec la production de légumes de plein champ (121,4 millions de dollars en 2012). La culture sous abri permet de mieux contrôler les conditions de production et d’obtenir de meilleurs rendements tout au long de l’année. Elles peuvent, comme ici, concerner les cultures maraîchères, mais aussi certains arbres fruitiers ou l’horticulture. Mais les pratiques culturales associées ne garantissent pas toujours la sûreté alimentaire, en particulier en ce qui concerne la mauvaise utilisation d’intrants (engrais, pesticides, hormones) qui peuvent nuire à la santé humaine.