Gaby Lebbos dirige une exploitaion laitière dans la Békaa. Faute de trouver la rentabilité dans la seule production laitière, il se diversifie dans la vente de génisses et la production de luzerne.

Sa production actuelle tourne autour de 550 kilos de lait par jour, qu’il vend à 1 100 livres libanaises (un peu moins de 0,74 dollar) le kilo à un producteur de fromages baladi.
« Aujourd’hui produire du lait s’avère intéressant financièrement. En dessous de 900 à 1 000 livres libanaises (0,60 à 0,66 dollars), le tarif il y a quelques mois, l’activité n’est pas rentable. »
Comme l’extrême majorité des exploitants, Gaby Lebbos fait la part belle aux vaches Holstein, une race hollandaise connue pour “pisser le lait”. « Elles produisent en quantité, ce que recherchent nos clients. Leur production convient bien pour le lait, moins pour les fromages, notamment les fromages jaunes, qui idéalement ont besoin d’un lait plus “goûteux”, comme celui d’une vache normande ou d’une race de montagne. Mais la demande pour la qualité n’est pas là et quelle que soit la race, le lait se vendra au même prix. Alors… »
Pour l’heure, seule une petite vingtaine de vaches produisent du lait chez Gaby Lebbos. Car ce patron a choisi de se diversifier en tablant aussi sur une activité de maquignon : « Je vends des génisses que j’importe de France, d’Allemagne ou de Hollande et que j’élève. » En moyenne, il faut compter 2 500 à 3 000 dollars pour l’achat d’une laitière importée. « En été, quand la demande est la plus forte, il peut m’arriver de vendre 35 à 70 bêtes. » À cela s’ajoute aussi la vente de veaux dans le circuit des boucheries locales.
En fait, c’est toute sa famille qui applique le principe d’ultradiversification : avec son père, Chafic Lebbos, qui détient un magasin d’aliments pour le bétail, et son frère, Antoine (par ailleurs maire de Kab Élias), ils vendent des aliments importés comme le soja, le maïs, le blé qu’il mélange pour proposer un “bol” alimentaire prêt à l’emploi. Ensemble toujours, ils produisent sur leurs quelque 100 hectares de terrains qu’ils louent ou qu’ils possèdent de la luzerne, une culture fourragère de première importance dans l’alimentation des vaches laitières, en particulier dans leur ration d’hiver. Ainsi, en famille, parviennent-ils presque à maîtriser la filière : depuis la production de fourrage, un poste qui représente souvent jusqu’à 60 % du coût total de la production de lait, jusqu’au lait ou la viande. Songeraient-ils en plus à la fabrication de produits laitiers ? Ce sera peut-être pour la nouvelle génération des Lebbos : Élise, 12 ans, rêve déjà de « devenir vétérinaire ».
La filière selon le Creal Toujours en voie d’amélioration Historiquement, ce sont les jésuites, installés dans la Békaa au XIXe siècle, qui ont impulsé la production de lait de vache. Aujourd’hui, avec 30 000 vaches laitières recensées (et 60 000 en comptant la filière viande), cette filière est désormais dominante : elle représente 61 % du marché contre 30 % pour le lait de chèvre et 9 % pour le lait de brebis. En moyenne, une vache produit 150 000 tonnes de lait par an. Parmi les entreprises leaders, on trouve : Les Fermes de Taanayel (100 tonnes/jour), Dairy Khoury (70 t/j), LibanLait (60 t/j), Dairy Day (20 t/j) et Center Jdita (15 t/j). Ces usines produisent un lait de qualité et entraînent le reste de la filière, encore très défaillante, vers davantage de qualité. Car le cheptel bovin reste plutôt vieillissant et son état sanitaire déplorable. La filière manque toujours d’encadrement sanitaire. |