Le groupe Gemayel qui fête ses 85 ans a investi plusieurs millions de dollars en rachetant la papeterie du Doubs en France. Entretien exclusif avec son président Fady Gemayel.
La papeterie du Doubs a repris ses activités en septembre 2013 après plus d’un an d’arrêt. C’est le groupe libanais Gemayel Frères qui a permis de sauver les 60 emplois de cette usine française qui fabrique du papier recyclé servant à la production de l’alvéolé du carton d’emballage. L’entreprise a été rebaptisée Gemdoubs, une contraction des deux noms dont la sonorité (on entend “j’aime”) a l’avantage de rassurer les acteurs locaux sur les intentions des repreneurs libanais, se félicite Fady Gemayel. Si l’on en croit les commentaires de la presse française qui salue sa ténacité et sa persévérance sur ce dossier, l’industriel libanais a en tout cas convaincu employés et élus locaux de Novillars, une commune située dans l’est de la France.
Conclu en juillet 2013, le rachat à travers une société par actions simplifiées créée pour l’occasion a coûté plusieurs millions d’euros : au moins trois millions selon des chiffres de la presse française, davantage d’après Fady Gemayel selon qui la promesse de préserver les emplois, en plus du rachat des actifs, constitue un engagement financier important.
C’est un pari sur l’Europe pour le groupe Gemayel qui fête cette année son 85e anniversaire. Établie en 1929, l’entreprise familiale qui compte 490 employés au Liban maîtrise tous les segments de l’industrie du papier et du carton, du recyclage jusqu’à la production d’emballages et d’étiquettes. Le groupe qui ne souhaite pas communiquer son chiffre d’affaires global a produit 70 000 tonnes en 2013, dont 20 % ont été exportées. « Nous voulons consolider notre stratégie d’exportation et d’implantation à l’étranger à travers cette antenne en Europe », explique Fady Gemayel. L’occasion s’est présentée lors d’une rencontre avec Gérard Lasserre, directeur de la papeterie du Doubs, dans le cadre des assises des patrons chrétiens. L’entreprise française créée il y a plus de 130 ans était en liquidation judiciaire depuis avril 2012 en raison d’une conjoncture défavorable et d’une stratégie commerciale inadaptée.
Gemdoubs va produire plus de 80 000 tonnes de papier pour carton ondulé, ce qui en fait un petit acteur du marché français estimé à trois millions de tonnes par an. « Le secteur du carton est dominé par les grands groupes intégrés qui maîtrisent toute la chaîne du recyclage à l’emballage », explique Fady Gemayel. L’usine du Doubs se positionne sur un segment que le groupe libanais a l’intention de développer sur le modèle de ce qu’il a fait avec Solicar au Liban, reprise en 2003.
Solicar devrait représenter 40 % du chiffre d’affaires du groupe Gemayel en 2014-2015, contre 30 % pour Gemdoubs. Le reste de la production est assuré par Gemayel Frères qui transforme le carton ondulé en caisses et autres emballages.
« Grâce à Solicar, la part du papier recyclé acheté localement est passée à 70 %, ce qui correspond aux normes européennes », se félicite Fady Gemayel.
« Le marché des produits d’emballage est en expansion, il y a un retour vers le carton », explique le PDG du groupe Gemayel, dont la stratégie est désormais de se spécialiser après avoir opté pour la diversification. Cette croissance s’accompagne aussi d’une évolution du métier : « L’emballage est devenu un produit marketing. Nous souhaitons proposer des produits difficiles à fabriquer et accompagner les tendances nouvelles de l'emballage avec le papier blanc. »
Plus recherché que le carton brun, ce produit est le fer de lance de Solicar, dans lequel le groupe a investi 20 millions de dollars depuis son rachat, ce qui en fait l’une des usines les plus en pointe du bassin méditerranéen. Ce papier blanc à forte valeur ajoutée permet au groupe de se démarquer au Liban malgré la concurrence d’acteurs de taille mondiale comme le Libanais Indevco qui est présent dans plus de 12 pays à travers 60 entreprises. Trois autres industriels fabriquent du papier à carton au Liban : Mimosa, Sicomo et Sipco. La création de produits à forte valeur ajoutée permet aussi de compenser la difficulté de concurrencer les industries bénéficiant d’une énergie bon marché sur le segment du carton de base. « Au Liban, l’énergie représente 35 % du coût du produit pour la production de papier transformé », précise Fady Gemayel.
Même en France, la réduction de ce coût est stratégique. « Nous avons l’intention de miser sur la cogénération dans l’usine du Doubs. » Elle louera une partie de son site à un projet de production d’électricité à partir de bois. « Nous avons une option de participation à son capital, mais l’intérêt est en tout cas de bénéficier d’économies d’énergie. »
« Gemdoubs est appelée d’une part à devenir un centre de profit intéressant pour le groupe et d’autre part un moyen de consolider nos exportations vers l’Europe à travers son réseau de clientèle. Nous avons déjà de très bonnes relations avec les groupes européens et internationaux situés en France, mais les exportateurs libanais souffrent de l’image du pays. L’implantation en Europe même consolide notre image. »
L’objectif est d’exporter 30 à 40 % de la production de Gemayel Frères contre 15 % aujourd’hui et d’exporter 60 % du chiffre d’affaires de Solicar, contre 40 % aujourd’hui.
Conclu en juillet 2013, le rachat à travers une société par actions simplifiées créée pour l’occasion a coûté plusieurs millions d’euros : au moins trois millions selon des chiffres de la presse française, davantage d’après Fady Gemayel selon qui la promesse de préserver les emplois, en plus du rachat des actifs, constitue un engagement financier important.
C’est un pari sur l’Europe pour le groupe Gemayel qui fête cette année son 85e anniversaire. Établie en 1929, l’entreprise familiale qui compte 490 employés au Liban maîtrise tous les segments de l’industrie du papier et du carton, du recyclage jusqu’à la production d’emballages et d’étiquettes. Le groupe qui ne souhaite pas communiquer son chiffre d’affaires global a produit 70 000 tonnes en 2013, dont 20 % ont été exportées. « Nous voulons consolider notre stratégie d’exportation et d’implantation à l’étranger à travers cette antenne en Europe », explique Fady Gemayel. L’occasion s’est présentée lors d’une rencontre avec Gérard Lasserre, directeur de la papeterie du Doubs, dans le cadre des assises des patrons chrétiens. L’entreprise française créée il y a plus de 130 ans était en liquidation judiciaire depuis avril 2012 en raison d’une conjoncture défavorable et d’une stratégie commerciale inadaptée.
Gemdoubs va produire plus de 80 000 tonnes de papier pour carton ondulé, ce qui en fait un petit acteur du marché français estimé à trois millions de tonnes par an. « Le secteur du carton est dominé par les grands groupes intégrés qui maîtrisent toute la chaîne du recyclage à l’emballage », explique Fady Gemayel. L’usine du Doubs se positionne sur un segment que le groupe libanais a l’intention de développer sur le modèle de ce qu’il a fait avec Solicar au Liban, reprise en 2003.
Solicar devrait représenter 40 % du chiffre d’affaires du groupe Gemayel en 2014-2015, contre 30 % pour Gemdoubs. Le reste de la production est assuré par Gemayel Frères qui transforme le carton ondulé en caisses et autres emballages.
« Grâce à Solicar, la part du papier recyclé acheté localement est passée à 70 %, ce qui correspond aux normes européennes », se félicite Fady Gemayel.
« Le marché des produits d’emballage est en expansion, il y a un retour vers le carton », explique le PDG du groupe Gemayel, dont la stratégie est désormais de se spécialiser après avoir opté pour la diversification. Cette croissance s’accompagne aussi d’une évolution du métier : « L’emballage est devenu un produit marketing. Nous souhaitons proposer des produits difficiles à fabriquer et accompagner les tendances nouvelles de l'emballage avec le papier blanc. »
Plus recherché que le carton brun, ce produit est le fer de lance de Solicar, dans lequel le groupe a investi 20 millions de dollars depuis son rachat, ce qui en fait l’une des usines les plus en pointe du bassin méditerranéen. Ce papier blanc à forte valeur ajoutée permet au groupe de se démarquer au Liban malgré la concurrence d’acteurs de taille mondiale comme le Libanais Indevco qui est présent dans plus de 12 pays à travers 60 entreprises. Trois autres industriels fabriquent du papier à carton au Liban : Mimosa, Sicomo et Sipco. La création de produits à forte valeur ajoutée permet aussi de compenser la difficulté de concurrencer les industries bénéficiant d’une énergie bon marché sur le segment du carton de base. « Au Liban, l’énergie représente 35 % du coût du produit pour la production de papier transformé », précise Fady Gemayel.
Même en France, la réduction de ce coût est stratégique. « Nous avons l’intention de miser sur la cogénération dans l’usine du Doubs. » Elle louera une partie de son site à un projet de production d’électricité à partir de bois. « Nous avons une option de participation à son capital, mais l’intérêt est en tout cas de bénéficier d’économies d’énergie. »
« Gemdoubs est appelée d’une part à devenir un centre de profit intéressant pour le groupe et d’autre part un moyen de consolider nos exportations vers l’Europe à travers son réseau de clientèle. Nous avons déjà de très bonnes relations avec les groupes européens et internationaux situés en France, mais les exportateurs libanais souffrent de l’image du pays. L’implantation en Europe même consolide notre image. »
L’objectif est d’exporter 30 à 40 % de la production de Gemayel Frères contre 15 % aujourd’hui et d’exporter 60 % du chiffre d’affaires de Solicar, contre 40 % aujourd’hui.
Un groupe familial Le groupe Gemayel tient son nom de la famille qui le dirige, originaire de Bickfaya. Il s’est réorganisé en trois entités. Gemayel Frères est détenue moitié-moitié entre les deux frères Fady et Nabil Gemayel d’une part, et de l’autre leur cousin Élias Gemayel. Gemayel Industries appartient dans sa totalité aux deux frères Fady et Nabil Gemayel. C’est cette entité qui a créé Gemdoubs en France et Gem Label, une filiale spécialisée dans les étiquettes. Enfin le capital de Solicar est réparti entre les frères Gemayel, leur cousin Élias, le groupe Saradar et les précédents propriétaires restés actionnaires, à savoir les familles Maalouf, Gemayel et Hinedi. L’incendie de l’usine couvert par un pool d’assureurs Des millions de dollars. C’est ce qu’a versé un pool d’assureurs (Arope Insurance, Capital Insurance et LIA) à Gemayel Frères après l’incendie survenu en août 2013 dans son usine de Bickfaya. Le PDG Fady Gemayel préfère ne pas préciser le montant, mais il se félicite d’avoir très tôt compris l’importance de l’assurance. « Des conseillers nous aident à contracter de bonnes polices ; nous avons investi dans les mesures de prévention et nos équipes ont été formées pendant six semaines par la Défense civile. » Malgré les précautions, le feu dont l’origine n’est pas connue s’est propagé très rapidement sur le site, brûlant la quasi-totalité de l’entrepôt où sont stockés cartons et papiers hautement inflammables. Mais il s’est arrêté à temps aux portes du site de production, ce qui a permis à l’usine de reprendre la transformation trois jours après le sinistre et l’ondulation du carton cinq jours après, afin de satisfaire les commandes. « Les braises ont mis une semaine à s’éteindre complètement. L’usine avait déjà brûlé à la suite de bombardements, mais c’est son premier incendie. Heureusement, aucune des 300 personnes présentes sur le site n’a été blessée. » Fady Gemayel candidat à la présidence de l’Association des industriels Fady Gemayel a annoncé sa candidature à la présidence de l’Association des industriels pour succéder à Neemat Frem. Les élections ont lieu début avril et le mandat est de quatre ans. Le PDG du groupe Gemayel est déjà le président du syndicat des industries papetières et d'emballage au Liban. |