L’argent n’est plus massif, mais son éclat n’a pas terni. Aux orfèvreries Habis, ce sont en plus les années fastes qui reviennent.

Habis, c’e st une histoire d’argent qui dure depuis 1944. Date à laquelle cette société spécialisée dans les articles en argent massif a été créée par Fouad Habis, à la demande expresse du président Béchara el-Khoury, qui avait le goût des beaux cadeaux.
Aujourd’hui, cette affaire de famille continue de se développer avec, à sa tête, Mouna Habis au poste de PDG et Fouad Habis (petit-fils du fondateur) pour directeur technique. Et les 3 employés qui œuvraient au départ à l’Avenue des Français se sont vu multipliés par dix. L’usine – un investissement de 1 million $ – occupe actuellement 1 000 m2 dans la zone industrielle d’Adonis. Et le chiffre d’affaires varie entre 1 et 2 millions $ (les années fastes).
Les difficultés connues au sortir de la guerre, en 1991, lorsque les entreprises libanaises étaient surendettées, l’incendie qui a ravagé l’usine de production en 1992 et les manœuvres de la concurrence qui lui ont porté préjudice jusqu’en 1996 sont aujourd’hui du passé. Depuis 1997, la société a remonté la pente. «Nous sommes enfin dans une période ascendante qui nous met à l’aise, explique M. Habis. Nous sentons qu’il existe un fort potentiel pour notre secteur».

Habis en ligne

Évolution du temps oblige, c’est la production d’articles en métal argenté qui a remplacé les articles en argent massif, fabriqués désormais exclusivement sur commande. Chaque année, ce sont 20 tonnes de laiton italien pour une tonne d’argent suisse qui sont livrées aux orfèvreries Habis, pour en ressortir principalement sous forme de vaisselle et d’art de la table : plats, plateaux, couverts, chandeliers, vases... Chaque article est accompagné d’un certificat de garantie pour une durée de 10 ans.
C’est en 1992 que, nouveauté inédite au Liban où tous les produits de ce type sont importés, Habis lance une ligne de 7 modèles différents de couverts de table. Les modèles restent classiques, mais la maison a innové en essayant d’introduire du bois ou encore des pierres de couleur dans certains articles, avec l’aide de designers libanais.
Le marché libanais représente l’essentiel de la clientèle de Habis, seuls 20 % de la production sont exportés vers les pays arabes, l’Europe et «les pays où se trouve une importante communauté libanaise». En effet, «l’argenterie est bien plus demandée dans les sociétés orientales que dans les sociétés occidentales», explique Fouad Habis. Et chez Habis, ce produit n’est plus réservé à une élite, puisqu’une foule d’articles dont les prix varient de 50 à 100 $ sont à la portée des bourses moyennes.
Pour couvrir le territoire, Habis, en plus de la salle d’exposition de l’usine d’Adonis, est présent à travers son magasin de Sodeco, son point de vente à l’ABC Dbayé, ouvert en mars 99, et par l’intermédiaire de dépositaires agréés à Tripoli, Saïda et Zahlé.
«Aujourd’hui, notre politique est d’aller le plus possible vers le consommateur, car les habitudes d’achat ont changé», indique le directeur technique. Et de fait, Habis a créé son site Internet de commerce en ligne, grâce auquel il parvient à vendre directement par carte de crédit (surtout aux émigrés libanais) et à livrer ses articles partout dans le monde. «Nous voulons miser davantage sur les exportations, car, il n’est pas nécessaire de le dire, le marché libanais est bien atteint».

Mariages et occasions

Ce sont d’abord les événements qui dopent les ventes. Une bonne partie du chiffre d’affaires provient des listes de mariage, placées surtout à l’ABC. L’an dernier, la maison a lancé un nouveau concept dans ce domaine, qui consiste à rembourser au client 10 % de sa liste en liquide. Le succès a été immédiat. Les cadeaux d’entreprise sont un autre créneau dans lequel la société s’est spécialisée. Mais les ventes de ce produit se concentrent surtout de septembre à décembre.
Pour contourner ce caractère saisonnier des ventes, Habis a approché et réussi à percer le marché de l’hôtellerie et de la restauration, un secteur à fort potentiel. Grâce à son rapport qualité/prix compétitif, Habis a pu ainsi fournir des hôtels, comme le Phoenicia, Printania ou encore Century Park ainsi que des traiteurs comme Noura, La Cigale, Cannelle ou encore Deir el-Kalaa ou La Collina Country Club. Au niveau international, c’est l’hôtel Métropole de Monaco qui, en 1987, s’est fourni en argenterie Habis.
PMI de qualité, Habis entend bien le rester. «Nous ne souhaitons pas nous diversifier, conclut le directeur, car notre petite taille et notre spécialisation nous donnent une grande flexibilité».