Pourquoi les industriels libanais investissent-ils massivement en Égypte au détriment de leur propre marché naturel ? Les histoires individuelles recensées par Le Commerce du Levant dans notre dossier consacré aux relations économiques entre les deux pays dessinent une tendance assez claire : perçu au départ comme un ballon d’essai, voire une solution de repli, le marché égyptien gagne désormais tous les arbitrages du point de vue d’un certain nombre d’investisseurs industriels. L’Égypte n’est certes pas le Liban. La “mère de la nation arabe” a des atouts incommensurables en termes de marché intérieur, de position géographique, etc. Du côté des coûts de production aussi, l’Égypte a des avantages : que ce soit sa main-d’œuvre accessible ou l’énergie subventionnée pendant longtemps. Ces raisons sont-elles pour autant suffisantes ? En réalité ces points forts indiscutables correspondent à un certain type d’industries de masse, un créneau sur lequel le Liban n’a de toutes façons pas vocation à se positionner. Et, au-delà de la structure de l’offre et de la demande en Égypte, le pays a surtout l’avantage d’avoir une certaine politique industrielle, ce dont le Liban s’est privé depuis des décennies. Au lendemain de la guerre, l’orientation quasi-exclusive vers une économie de service faisait figure de stratégie officielle. Aujourd’hui, du ministère de l’Économie à celui de l’Industrie, le message est différent : on y prône un retour aux secteurs productifs créateurs d’emplois et de richesse. Il s’agit désormais de passer du discours à la définition d’une stratégie qui tienne la route, puis à sa mise en œuvre…
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