Avec 600 000 mètres carrés de terrains industriels, le groupe de céramique Lecico (sanitaires et carrelage) emploie 6 500 personnes en Égypte.
Fondée en 1977 en tant que filiale de Lecico Liban, Lecico Égypte a fini par absorber sa maison mère en 2004. Le groupe de céramique (sanitaires et carrelage), majoritairement détenu par la famille Gargour, génère aujourd’hui 210 millions de dollars de chiffre d’affaires par an en Égypte, contre 20 millions dans son pays d’origine. Il est devenu leader dans l’industrie des sanitaires en Égypte, assurant à lui seul près de 45 % de la production du pays. « Avec six millions de pièces par an, trois fois la production de la France, nous sommes les plus grands producteurs du bassin méditerranéen », souligne Georges Ghorayeb, le directeur exécutif de Lecico Égypte. L’entreprise figure également parmi les trois plus grands producteurs de carrelage du pays, avec 100 000 mètres carrés produits par jour. « Nous possédons au total près de 600 000 mètres carrés de terrains industriels, avec des actifs estimés à plus de 500 millions de dollars », ajoute-t-il. Lecico Égypte a été introduite à la Bourse du Caire en 2004, à l’occasion d’une augmentation de capital de 50 millions de dollars.
L’aventure égyptienne de l’entreprise commence à la fin des années 1970, alors que le Liban s’enfonçait dans la guerre et qu’Anouar Sadate entreprend de libéraliser l’économie égyptienne. « La famille Gargour, qui avait des intérêts à Alexandrie avant la vague de nationalisation, investit plus de sept millions de dollars dans une première usine de sanitaires en Égypte », raconte Georges Ghorayeb. Au démarrage l’usine employait 350 personnes, contre 800 au Liban. Depuis, le nombre de salariés en Égypte est passé à 6 500 tandis que celui du Liban est tombé à 430. « Lorsqu’on a commencé, le coût de la main-d’œuvre était le seul avantage comparatif de l’Égypte, car les coûts de l’énergie étaient encore similaires dans les deux pays. Par la suite, avec l’envolée des prix du brut, l’Égypte est devenue beaucoup plus compétitive sachant que l’industrie de la céramique consomme beaucoup d’énergie. »
Pendant la guerre, la dévaluation de la livre permettait encore à l’usine libanaise d’exporter dans les pays du Golfe et en Irak. Perdant cet avantage avec l’indexation de la livre au dollar dans les années 1990, Lecico Liban s’est spécialisée dans le haut de gamme et les produits complémentaires et exporte aujourd’hui près d’un sixième de sa production.
En Égypte, c’est plus de la moitié de la production de sanitaires qui est exportée en Europe occidentale, notamment au Royaume-Uni. Mais l’avantage en termes de coûts de l’énergie va s’estomper à terme, avec la baisse amorcée des subventions. « D’ici à cinq ans, les prix du gaz et du diesel oil en Égypte vont s’aligner aux prix internationaux. Mais l’industrie va s’adapter. Les producteurs devront augmenter leurs tarifs sur le marché local et réduire leurs marges à l’export pour rester compétitifs. »
Fondamentalement, pour Georges Ghorayeb, les parcours inverses des entités libanaise et égyptienne ne s’expliquent pas par la structure des coûts, mais par l’environnement dans lequel elles ont évolué. « Contrairement au Liban, l’Égypte a une vraie politique de soutien à l’industrie », souligne-t-il. Pour illustrer ses propos, il cite l’exemple de la réaction des deux pays au dumping pratiqué par la Chine, l’un des plus grands fabricants de céramique au monde. « Avec un marché interne d’environ 1,4 milliard de consommateurs, les producteurs chinois se permettent de vendre à l’étranger à un prix inférieur à leur coût. » Lecico a déposé sur cette base deux plaintes différentes, l’une au Liban et l’autre en Égypte. La réaction du ministère égyptien de l’Économie a été de dépêcher une délégation en Chine, qui a constaté que les coûts représentaient deux fois et demi le prix pratiqué à l’export. Le Caire a donc imposé des droits de douane de 250 % et des restrictions à l’importation de produits chinois. « Au Liban, le ministère nous a demandé de lui fournir les coûts de 750 producteurs en Chine, ce que nous n’étions évidemment pas en mesure de faire ! Je ne suis pas contre l’ouverture des marchés, précise Georges Ghorayeb. Mais à condition que la concurrence soit loyale. Or, le Liban a unilatéralement libéralisé son économie à partir de 1993 sans même adhérer à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) qui garantit le respect des règles de concurrence. »
L’aventure égyptienne de l’entreprise commence à la fin des années 1970, alors que le Liban s’enfonçait dans la guerre et qu’Anouar Sadate entreprend de libéraliser l’économie égyptienne. « La famille Gargour, qui avait des intérêts à Alexandrie avant la vague de nationalisation, investit plus de sept millions de dollars dans une première usine de sanitaires en Égypte », raconte Georges Ghorayeb. Au démarrage l’usine employait 350 personnes, contre 800 au Liban. Depuis, le nombre de salariés en Égypte est passé à 6 500 tandis que celui du Liban est tombé à 430. « Lorsqu’on a commencé, le coût de la main-d’œuvre était le seul avantage comparatif de l’Égypte, car les coûts de l’énergie étaient encore similaires dans les deux pays. Par la suite, avec l’envolée des prix du brut, l’Égypte est devenue beaucoup plus compétitive sachant que l’industrie de la céramique consomme beaucoup d’énergie. »
Pendant la guerre, la dévaluation de la livre permettait encore à l’usine libanaise d’exporter dans les pays du Golfe et en Irak. Perdant cet avantage avec l’indexation de la livre au dollar dans les années 1990, Lecico Liban s’est spécialisée dans le haut de gamme et les produits complémentaires et exporte aujourd’hui près d’un sixième de sa production.
En Égypte, c’est plus de la moitié de la production de sanitaires qui est exportée en Europe occidentale, notamment au Royaume-Uni. Mais l’avantage en termes de coûts de l’énergie va s’estomper à terme, avec la baisse amorcée des subventions. « D’ici à cinq ans, les prix du gaz et du diesel oil en Égypte vont s’aligner aux prix internationaux. Mais l’industrie va s’adapter. Les producteurs devront augmenter leurs tarifs sur le marché local et réduire leurs marges à l’export pour rester compétitifs. »
Fondamentalement, pour Georges Ghorayeb, les parcours inverses des entités libanaise et égyptienne ne s’expliquent pas par la structure des coûts, mais par l’environnement dans lequel elles ont évolué. « Contrairement au Liban, l’Égypte a une vraie politique de soutien à l’industrie », souligne-t-il. Pour illustrer ses propos, il cite l’exemple de la réaction des deux pays au dumping pratiqué par la Chine, l’un des plus grands fabricants de céramique au monde. « Avec un marché interne d’environ 1,4 milliard de consommateurs, les producteurs chinois se permettent de vendre à l’étranger à un prix inférieur à leur coût. » Lecico a déposé sur cette base deux plaintes différentes, l’une au Liban et l’autre en Égypte. La réaction du ministère égyptien de l’Économie a été de dépêcher une délégation en Chine, qui a constaté que les coûts représentaient deux fois et demi le prix pratiqué à l’export. Le Caire a donc imposé des droits de douane de 250 % et des restrictions à l’importation de produits chinois. « Au Liban, le ministère nous a demandé de lui fournir les coûts de 750 producteurs en Chine, ce que nous n’étions évidemment pas en mesure de faire ! Je ne suis pas contre l’ouverture des marchés, précise Georges Ghorayeb. Mais à condition que la concurrence soit loyale. Or, le Liban a unilatéralement libéralisé son économie à partir de 1993 sans même adhérer à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) qui garantit le respect des règles de concurrence. »