Le léger rebond de la croissance en 2014 n’a pas permis de stabiliser, et encore moins d’inverser, la courbe du chômage au Liban. Les statistiques nationales manquent cruellement dans ce domaine. La seule étude sur ce sujet a été faite en 2011 par la Banque mondiale, qui avait alors évalué le chômage à 11 %. En partant de ce chiffre, le Fonds monétaire international (FMI) estime que le taux de chômage a grimpé à 20 % en 2014. Le nombre de sans-emplois au Liban aurait donc pratiquement doublé en trois ans, en raison du ralentissement économique et de l’afflux massif de réfugiés syriens. L’année dernière, le Liban a accueilli 340 000 nouveaux réfugiés, portant leur nombre total à environ 1,2 million enregistrés auprès du HCR (Haut Comité de l’Onu pour les réfugiés). Ces derniers sont venus grossir les rangs des chômeurs et concurrencer les Libanais sur les postes disponibles, dans une économie qui peine déjà, structurellement, à créer suffisamment d’emplois.
Avant la crise syrienne, la Banque mondiale avait évalué l’élasticité de l’emploi par rapport à la croissance au Liban à 0,2, contre une moyenne régionale de 0,5. Cela signifie que la hausse du PIB se traduit par des créations d’emplois, mais dans une proportion bien plus faible. Car les moteurs traditionnels de la croissance libanaise – l’immobilier, la construction, la finance et le tourisme – sont des secteurs qui mobilisent davantage de capital que de travail, ou qui reposent sur une main-d’œuvre peu qualifiée, le plus souvent étrangère.
Entre 2005 et 2009, le Liban a créé 3 800 emplois par an, selon la Banque mondiale, absorbant seulement un sixième des 22 000 Libanais qui entrent chaque année sur le marché du travail. Faute de débouchés au Liban, une partie d’entre eux, les plus qualifiés, s’expatrient. Reste une main-d’œuvre locale pas ou semi-qualifiée, qui peine aujourd’hui à concurrencer les réfugiés syriens.
Selon une enquête menée par l’Organisation internationale du travail (OIT) en 2013, plus de la moitié des réfugiés au Liban travaillaient pour compléter leurs revenus, en acceptant des salaires très bas. Dans ce contexte, les Libanais les plus défavorisés se tournent vers le seul secteur qui leur est encore réservé : la fonction publique. Et le gouvernement n’hésite pas à utiliser ce levier pour absorber le choc démographique. Au début de l’année, les Forces de sécurité intérieure (FSI) ont ainsi embauché 4 000 nouveaux éléments et s’apprêtent à en recruter 4 000 autres.
Dans les autres secteurs, la surabondance de l’offre tire les salaires vers le bas, accentuant la paupérisation des habitants des régions périphériques, autour de Beyrouth, dans la Békaa, le Sud et le Akkar. Selon l’OIT, le salaire moyen d’un travailleur non qualifié a reculé de 30 % à Baalbeck et de 50 % à Wadi Khaled.
Cela a permis aux employeurs de baisser leurs coûts. « Le choc des réfugiés a bénéficié aux détenteurs de capital, qu’il soit humain ou financier, notamment dans les secteurs du commerce ou de la construction. En revanche, ceux qui n’en avaient pas ont été très affectés », souligne l’économiste en chef de la Banque mondiale au Liban, Éric Le Borgne. « Toutes les études montrent un accroissement sensible des inégalités au Liban. »
Dans ce contexte, le gouvernement a décidé début 2015 de réguler le marché de l’emploi en imposant un permis de travail aux Syriens. Pour renouveler leur titre de séjour, les réfugiés doivent désormais s’engager à ne pas travailler, ou à trouver un employeur et renoncer à leur statut de réfugié. S’attaquer à la concurrence syrienne ne devrait toutefois pas régler le problème du chômage au Liban. Dans son dernier rapport sur le Liban, le FMI pose l’hypothèse d’un retour progressif des Syriens dans leur pays d’origine à partir de début 2016 jusqu’à ce qu’il n’en reste que 30 % en 2019. Dans ce scénario optimiste, couplé à une croissance moyenne de 3,7 % par an, le chômage baisserait aux alentours de 18 % seulement. Même avec une croissance plus forte, de l’ordre de 5 %, le chômage resterait au-dessus de la barre des 15 %. Selon le FMI, le chômage ne pourrait revenir à des niveaux proches des 10 % que si l’élasticité de l’emploi par rapport à la croissance augmente à 0,5. Cela suppose qu’elle soit portée par des secteurs mobilisant davantage le facteur travail que dans le modèle économique libanais actuel.
Avant la crise syrienne, la Banque mondiale avait évalué l’élasticité de l’emploi par rapport à la croissance au Liban à 0,2, contre une moyenne régionale de 0,5. Cela signifie que la hausse du PIB se traduit par des créations d’emplois, mais dans une proportion bien plus faible. Car les moteurs traditionnels de la croissance libanaise – l’immobilier, la construction, la finance et le tourisme – sont des secteurs qui mobilisent davantage de capital que de travail, ou qui reposent sur une main-d’œuvre peu qualifiée, le plus souvent étrangère.
Entre 2005 et 2009, le Liban a créé 3 800 emplois par an, selon la Banque mondiale, absorbant seulement un sixième des 22 000 Libanais qui entrent chaque année sur le marché du travail. Faute de débouchés au Liban, une partie d’entre eux, les plus qualifiés, s’expatrient. Reste une main-d’œuvre locale pas ou semi-qualifiée, qui peine aujourd’hui à concurrencer les réfugiés syriens.
Selon une enquête menée par l’Organisation internationale du travail (OIT) en 2013, plus de la moitié des réfugiés au Liban travaillaient pour compléter leurs revenus, en acceptant des salaires très bas. Dans ce contexte, les Libanais les plus défavorisés se tournent vers le seul secteur qui leur est encore réservé : la fonction publique. Et le gouvernement n’hésite pas à utiliser ce levier pour absorber le choc démographique. Au début de l’année, les Forces de sécurité intérieure (FSI) ont ainsi embauché 4 000 nouveaux éléments et s’apprêtent à en recruter 4 000 autres.
Dans les autres secteurs, la surabondance de l’offre tire les salaires vers le bas, accentuant la paupérisation des habitants des régions périphériques, autour de Beyrouth, dans la Békaa, le Sud et le Akkar. Selon l’OIT, le salaire moyen d’un travailleur non qualifié a reculé de 30 % à Baalbeck et de 50 % à Wadi Khaled.
Cela a permis aux employeurs de baisser leurs coûts. « Le choc des réfugiés a bénéficié aux détenteurs de capital, qu’il soit humain ou financier, notamment dans les secteurs du commerce ou de la construction. En revanche, ceux qui n’en avaient pas ont été très affectés », souligne l’économiste en chef de la Banque mondiale au Liban, Éric Le Borgne. « Toutes les études montrent un accroissement sensible des inégalités au Liban. »
Dans ce contexte, le gouvernement a décidé début 2015 de réguler le marché de l’emploi en imposant un permis de travail aux Syriens. Pour renouveler leur titre de séjour, les réfugiés doivent désormais s’engager à ne pas travailler, ou à trouver un employeur et renoncer à leur statut de réfugié. S’attaquer à la concurrence syrienne ne devrait toutefois pas régler le problème du chômage au Liban. Dans son dernier rapport sur le Liban, le FMI pose l’hypothèse d’un retour progressif des Syriens dans leur pays d’origine à partir de début 2016 jusqu’à ce qu’il n’en reste que 30 % en 2019. Dans ce scénario optimiste, couplé à une croissance moyenne de 3,7 % par an, le chômage baisserait aux alentours de 18 % seulement. Même avec une croissance plus forte, de l’ordre de 5 %, le chômage resterait au-dessus de la barre des 15 %. Selon le FMI, le chômage ne pourrait revenir à des niveaux proches des 10 % que si l’élasticité de l’emploi par rapport à la croissance augmente à 0,5. Cela suppose qu’elle soit portée par des secteurs mobilisant davantage le facteur travail que dans le modèle économique libanais actuel.