Le RDF, ou “combustible dérivé des déchets”, a été évoqué par le gouvernement libanais comme une solution pour transformer les déchets en énergie. Un combustible alternatif qui pourrait servir pour alimenter les fours des cimenteries et les centrales électriques. Si la technologie est assez répandue en Occident, elle est totalement nouvelle dans la région. Est-elle pour autant adaptée au Liban ?
« Le RDF, c’est l’avenir du traitement des déchets ménagers », s’exclame Riad al-Assaad, président du groupe South for Construction, proche de Walid Joumblatt et candidat déclaré au récent appel d’offres pour le traitement des déchets, en joint-venture avec la société espagnole Hera. L’entrepreneur espère pouvoir « traiter 96 % des déchets » avec ce nouveau processus de traitement des ordures qui produit un combustible notamment utilisable dans les cimenteries ou les centrales électriques. Un objectif qui est cependant très ambitieux, selon Raja Noujaim, coordinateur général de la coalition civile contre la politique du gouvernement pour le traitement des déchets : « Le RDF ne peut être produit qu’à partir de déchets à forte valeur calorifique dont ont été séparés les déchets organiques, qui représentent plus de 50 % des déchets au Liban. » L’évocation de la technologie RDF est toute récente au Liban, mais l’idée fait mouche. « Le RDF est déjà utilisé par des cimenteries européennes et américaines depuis de nombreuses années. La grande majorité de nos usines dans le monde utilise déjà les combustibles dérivés des déchets », explique Jamil Bou Haroun, directeur du développement du cimentier Holcim, qui envisage d’y recourir au Liban. Il a déjà lancé des études d’impact environnementales, en partenariat avec le Conseil du développement et de la reconstruction (CDR) et un consultant externe, dont les résultats devraient être connus dans le courant de l’année 2015. « En se basant sur les chiffres officiels de la production des déchets au Liban, nous estimons le potentiel maximal de production de RDF à 400 000 tonnes par an. Un tel volume peut être absorbé à terme, par l’industrie du ciment ainsi que les autres industries énergivores, comme les industries du papier, du carton ou aussi du verre », précise Jamil Bou Haroun. Le combustible remplacerait une partie des carburants fossiles classiques et coûteux utilisés jusqu’à présent. « Le taux de substitution pourra varier de 1 à 50 %, voire davantage mais seulement après de nombreuses années d’expérience. » L’utilisation du RDF obligera les cimentiers à des investissements « de plusieurs millions de dollars », précise-t-il.
Au-delà de ce coût industriel pour les utilisateurs, l’option du recours au RDF suppose aussi, côté production, d’intégrer ce mode de traitement des déchets à une stratégie globale. La généralisation d’un tri performant est une condition sine qua non pour pouvoir isoler les déchets à valeur calorifique à même d’être transformés en RDF. Or, le tri à la source est encore au Liban au stade des expérimentations pionnières très localisées. « Il est indispensable que le RDF soit de bonne qualité et qu’il soit disponible en quantité suffisante pour alimenter les fours à une cadence régulière. » La question environnementale s’invite également dans le débat. Généraliser l’utilisation du RDF suppose d’élaborer un cadre légal et technique régissant l’utilisation responsable de combustibles classiques. Un contrôle qui n’est toujours pas au point au Liban à en croire les habitants de Chekka, qui ont déjà protesté à plusieurs reprises contre les émissions de poussières blanches résultant de l’activité de Holcim. « L’utilisation de RDF ne pourra pas se faire sans acceptation des communautés locales », assure Jamil Bou Haroun. « Le risque environnemental est important, prévient Dominique Salameh, chef du département de chimie à la faculté des sciences de l’USJ. Il est le même qu’avec de l’incinération mal contrôlée ». Les associations écologistes libanaises sont plutôt favorables à l’utilisation du RDF, mais à condition que son usage soit strictement contrôlé. « Le RDF peut être écologique, à condition de faire une sélection très précise des déchets que l’on va faire brûler dans les fours à ciment », explique Naji Chamieh, expert environnemental au sein du bureau de consultants SES.
Au-delà de ce coût industriel pour les utilisateurs, l’option du recours au RDF suppose aussi, côté production, d’intégrer ce mode de traitement des déchets à une stratégie globale. La généralisation d’un tri performant est une condition sine qua non pour pouvoir isoler les déchets à valeur calorifique à même d’être transformés en RDF. Or, le tri à la source est encore au Liban au stade des expérimentations pionnières très localisées. « Il est indispensable que le RDF soit de bonne qualité et qu’il soit disponible en quantité suffisante pour alimenter les fours à une cadence régulière. » La question environnementale s’invite également dans le débat. Généraliser l’utilisation du RDF suppose d’élaborer un cadre légal et technique régissant l’utilisation responsable de combustibles classiques. Un contrôle qui n’est toujours pas au point au Liban à en croire les habitants de Chekka, qui ont déjà protesté à plusieurs reprises contre les émissions de poussières blanches résultant de l’activité de Holcim. « L’utilisation de RDF ne pourra pas se faire sans acceptation des communautés locales », assure Jamil Bou Haroun. « Le risque environnemental est important, prévient Dominique Salameh, chef du département de chimie à la faculté des sciences de l’USJ. Il est le même qu’avec de l’incinération mal contrôlée ». Les associations écologistes libanaises sont plutôt favorables à l’utilisation du RDF, mais à condition que son usage soit strictement contrôlé. « Le RDF peut être écologique, à condition de faire une sélection très précise des déchets que l’on va faire brûler dans les fours à ciment », explique Naji Chamieh, expert environnemental au sein du bureau de consultants SES.
Comment produire du RDF ? On produit du RDF à partir de la fraction légère des déchets, constituée d’un mélange de certains plastiques, cartons, papiers ou textiles, qui ne sont pas recyclables. Après isolement de ces matières, elles subissent des opérations de broyage et éventuellement de séchage, générant ainsi le RDF, dont l’aspect extérieur ressemble à des confettis. |